"Elle était devenue hystérique". C’est l’explication avancée devant le tribunal par un gendarme de la brigade de Romilly-sur-Seine (Aube), suspendu depuis mai 2021, pour justifier la paire de gifle qu’il a infligé à son épouse enceinte, en novembre 2019. "Mon fils était en danger, c’est ma descendance, j’ai réagi en tant que père", s’est-il excusé. La seule fois où il a levé la main sur elle, a-t-il certifié devant le tribunal, lundi 17 janvier.
Un quotidien d’isolement et d’emprise psychologique
Sauf que la victime, qui a attendu deux ans avant de déposer plainte, affirme qu’il était coutumier du fait. Elle décrit par ailleurs un quotidien d’isolement et d’emprise psychologique. Son mari lui interdisait notamment de travailler et la menaçait de ne plus voir son enfant si elle le quittait. Des accusations qu’il a réfuté en bloc, estimant l’avoir toujours protégé. C’est l’"hystérie" de son épouse qu’il l’a contraint a adopté une attitude "proportionnée et nécessaire". En outre, elle ne se serait mariée avec lui que dans le but d’obtenir un titre de séjour. Faux, pour le conseil de la victime qui assure que sa cliente avait un avenir prometteur dans son pays d’origine avant ce mariage arrangé.
De fait, les deux protagonistes se connaissaient à peine avant de sceller leur union. Franco-algérien musulman d’une trentaine d’années, le gendarme avait juste échangé quelques coups de téléphone avec sa "fiancée" avant de débarquer en Algérie pour demander sa main. Lorsqu’elle arrive en France, en juin 2019, c’est avec un homme qui entretient déjà une relation avec l’une de ses collègues, rencontrée à l'école de Tulle, dont il voulait faire sa deuxième épouse.
Au-delà de ces considérations sur un couple parti sur de "mauvaises bases", le tribunal a surtout mis en avant "l’incidence" entre la fonction du prévenu et "la commission des faits". Du fait de son métier et de sa formation, ce dernier aurait dû savoir gérer ce conflit familial comme il est censé le faire dans le cadre de ses missions.
En Seine-Maritime, un gendarme mis en examen pour viol aggravé et placé en détention provisoire
Reconnu coupable de violences conjugales habituelles, il écope finalement de huit mois de prison, assortis d’un sursis probatoire de deux ans. Tout contact avec son ex-épouse lui est interdit, tout comme de paraître en Ile-de-France où elle réside. Il devra également indemniser sa victime, suivre des soins et effectuer un stage de sensibilisation aux violences intrafamiliales.
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