Le drame a eu lieu il y a dix ans jour pour jour, mais pour la communauté des gendarmes, la plaie est toujours ouverte. Le 17 juin 2012, dans la petite commune tranquille de Collobrières (Var), la maréchale des logis-cheffe Audrey Bertaut, 35 ans et l’adjudante Alicia Champlon, 28 ans, décédaient, mortellement atteintes par les tirs d’Abdallah Boumezaar, un délinquant chevronné et ultra violent de 26 ans qui s’était emparé de l’une de leurs armes.
Au début de ce massacre, il y a deux cambriolages. Vers 20 heures, après avoir bu toute l'après-midi dans les bars de Collobrières, Abdallah Boumezaar commet un premier cambriolage. Il dépose le butin chez lui avant de s'attaquer à un deuxième logement. Surpris par le couple de propriétaires, il les frappe et les menace. Le couple appelle alors la Gendarmerie qui dépêche sur place une patrouille composée d'Alicia Champlon et Audrey Bertaut.
Pendant ce temps, les victimes du premier cambriolage, qui soupçonnent Abdallah Boumezaar, se rendent à l'appartement qu'il occupe avec sa compagne au parcours délinquant également dense, Inès Farhat. Mais celle ci refuse de leur ouvrir. Croisant la patrouille qui vient d'arriver, ils préviennent les deux gendarmes qui se rendent à l'appartement avec les victimes. Face à la tension qui règne, les deux militaires font sortir tout le monde et restent seules avec le couple. Soudain des appels à l'aide se font entendre.
Neuf tirs, certains à moins de vingt centimètres de distance
Les victimes du premier cambriolage reviennent alors dans l'appartement et voient Abdallah Boumezaar se battre avec Audrey Bertaut. Alicia Champlon est à terre, le visage en sang. Ils tentent d'aider la première mais quittent les lieux avec Alicia, groggy, lorsque le forcené s'empare de l'arme de l'adjudante. Un coup de feu claque aussitôt dans l'appartement. Abdallah Boumezaar vient de tuer l'adjudante Bertaut d'une balle dans la tête. Il sort de l'appartement à la poursuite d'Alicia Champlon. Celle-ci, après avoir vainement tentée d'appeler des renforts prend la fuite à pieds dans les rues de Collobrières. Abdallah Boumezaar rattrape la maréchale des logis-cheffe sur laquelle il ouvre le feu à neuf reprises, les derniers tirs étant effectués à une distance probablement inférieure à vingt centimètres.
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Le couple s'empare alors du bâton de défense et de l'arme de la gendarme avant de s'enfuir. Mais la vile est bouclée et, après quatre heures de traque, ils sont finalement interpellés sans heurt. En 2015, la cour d’assises du Var condamnera Abdallah Boumezaar à la perpétuité avec une peine de 30 ans de sûreté.
Il refera parler de lui en mars 2019 en agressant un surveillant de prison de Château-Thierry (Aisne) où il était incarcéré. A nouveau, il a fait preuve d’une violence extrême, touchant sa victime à la gorge avec une arme artisanale confectionnée avec une brosse à dents et quatre lames de rasoir. Le surveillant a dû recevoir treize points de suture et s’est vu reconnaître neuf jours d’ITT. Pour ces faits, Abdallah Boumezaar a été condamné à six ans de prison avec mandat de dépôt pour violences aggravées par l’état de récidive, l’arme et la violence sur un agent chargé d’une mission de service public.