<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Les agents secrets du général de Gaulle pendant la guerre

Photo : En 2022, le BCRA célèbre ses 80 ans et la DGSE, ces 40 ans !

24 juin 2022 | Société

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Les agents secrets du général de Gaulle pendant la guerre

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Au sein des 1.038 Compagnons de la Libération, ils forment le groupe le plus important avec 174 décorés de la croix de la Libération, dont trois femmes. Loin devant les 98 Compagnons de la prestigieuse 13e demi-brigade de la Légion étrangère (DBLE). Les agents du BCRA subirent aussi les pertes les plus lourdes puisque soixante, soit plus du tiers (34,48%) de ces 174 Compagnons, périrent durant la Seconde Guerre Mondiale. Torturés comme Jean Moulin, tués au combat, fusillés, morts en déportation ou qui se donnèrent la mort pour ne pas parler.

Nés officiellement en juin 1942 sous le nom de Bureau central de renseignement et d'action (BCRA), les services secrets de la France libre comptaient moins de 600 personnes en août 1944. Avec ces effectifs modestes –en comparaison de ceux des Alliés ou de l'Axe– le BCRA obtint des résultats exceptionnels. Après la guerre, le chef des services secrets américains reconnut que 80% des renseignements qui ont permis le succès du Débarquement en Normandie en juin 1944, provenaient du BCRA.

Moins d'un millier d'agents du BCRA, formés, armés, équipés, déposés ou parachutés par les Britanniques, furent envoyés en France occupée, chacun à une ou plusieurs reprises. Pour réaliser des sabotages ou faire du renseignement, mais aussi pour former à ces techniques des hommes et des femmes. Ils recrutèrent et formèrent ainsi quelque 80.000 agents qui, à leur tour, jouèrent un rôle décisif, soit au sein des maquis organisés, soit au sein des réseaux de la Résistance.

Pièces inédites du musée de la DGSE

L'exposition, organisée par l'ordre de la Libération et la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), qui a sorti de son musée des pièces inédites, retrace la vie des agents du BCRA, depuis leur recrutement jusqu'à leur arrivée clandestine en France occupée pour leurs missions, en passant par leur formation (parachutisme, sabotage, transmissions, renseignements) réalisée par les Britanniques. Les agents du BCRA, tout au long de leurs missions clandestines sous fausse identité, créèrent des réseaux d'évasion de pilotes alliés abattus au dessus de l'Europe occupée, assurèrent des liaisons par radio avec le BCRA à Londres, montèrent des réseaux de renseignements militaires et réalisèrent des sabotages. Des agents, comme Pierre Brossolette ou Jean Moulin furent aussi chargés de missions politiques pour coordonner l'ensemble des mouvements de la Résistance intérieure et leur faire reconnaître l'autorité du général de Gaulle.

Carte routière imprimée sur un foulard en soie

Avant leur départ, les services britanniques leur fournissaient des équipements dignes des futurs James Bond: appareils de photo miniature, boussole dissimulée dans un bouton de manchette, épingle à chapeau utilisable comme une dague, stylo lance gaz, mitraillette Sten à silencieux, carte routière imprimée sur soie, et … les capsules de cyanure.

Une carte routière imprimée sur un foulard en soie. (PMG/L'Essor)

Des matériels et des procédures britanniques restèrent longtemps en oeuvre au Service de documentation extérieure et de contre-espionnage (Sdece), héritier du BCRA en 1945, puis de la DGSE (1982). Comme l'appareil de photo Minox. Quant au balisage des terrains d'atterrissage clandestin des monomoteurs Lysander, qui déposaient des agents puis recueillaient d'autres, il était marqué par trois torches disposées en "L renversé". Ce marquage avec le "L renversé" est toujours utilisée par le Service action de la DGSE, même si les trois torches ont disparu au profit de trois lumières de la taille d'une pointe d'épingle.

Aujourd'hui, la DGSE revendique officiellement l'héritage du BCRA. Depuis septembre 2017, chaque nouvelle promotion d'agents de la DGSE (trois par an) est baptisée du nom d'un compagnon de la Libération, agent du BCRA mort pour la France. Depuis cette date, quinze promotions ont ainsi été baptisées. Le 17 septembre 2018, la ministre des Armées Florence Parly accrochait la fourragère de l'ordre de la Libération sur le drapeau du 44e régiment d'infanterie, unité support des militaires affectés à la DGSE. Depuis 2020, un insigne de filiation numéroté et portant les sigles BCRA – DGSE est remis aux nouveaux agents.

Insigne d'affiliation BCRA-DGSE

Après la guerre, la très grande majorité des 114 agents du BCRA survivants entamèrent une carrière civile dans le secteur privé, comme Daniel Cordier, le secrétaire de jean Moulin qui devint un collectionneur de tableaux et un galeriste reconnu. D'autres, comme Jacques Chaban-Delmas, firent une carrière politique de premier plan. Quatre seulement restèrent dans les services secrets. Mais tous respectèrent cette discrétion à laquelle ils étaient tenus au BCRA. L'officier de la Légion étrangère (13e DBLE) Hubert Germain, le dernier des Compagnons décédé le 12 octobre 2021, avait coutume de dire : "Beaucoup de Compagnons sont entrés dans l'Histoire avec discrétion".

Les tampons utilisés par le BRCA à l'époque de la France Libre. (PMG/L'Essor)

(Exposition "Les agents secrets du général 1940-1944, les Compagnons de la Libération". Ouverte tous les jours de 10h00 à 18h00, du 23 juin au 16 octobre 2022 au Musée de l'ordre de la Libération, Hôtel national des Invalides à Paris)

Pierre-Marie GIRAUD

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