“Il n’est pas question que les policiers, les gendarmes ou les pompiers fassent autrement que le reste des Français.” C’est ce qu’a assuré ce mardi sur Franceinfo, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, alors que la réforme des retraites s’apprête à faire son retour au Parlement.
Attendant de voir ce que dira la Première ministre Elisabeth Borne, qui va annoncer la réforme des retraites, le ministre a précisé qu’il était “évident que les agents du ministère de l’Intérieur seront concernés pour travailler, comme tous les Français, un peu plus”.
“Il y a des situations de départ particulières", a toutefois dit M. Darmanin, en citant en exemple les policiers qui "parce qu'ils risquent leur vie, ont un certain nombre de bonifications". Elles seront conservées, a rassuré le ministre, "mais l’idée de travailler plus longtemps doit évidemment s’appliquer à tous” a-t-il insisté.
Les policiers prêts à entrer dans le rapport de force
Au-delà des gendarmes, il doit d’ailleurs en être de même pour les policiers et les pompiers. Une déclaration qui a fait réagir très vite les syndicats policiers, avec lesquels le ministre est déjà à la confrontation sur la réforme de la police judiciaire. Les puissants syndicats de la police sont même sortis de la réserve qu'ils observent traditionnellement pendant les élections professionnelles.
"Le boulot de flic n'a jamais été aussi pénible, aussi dangereux. Il n'est pas question que les collègues travaillent plus longtemps", a réagi auprès de l'AFP Fabien Vanhemelryck, le patron d'Alliance, à la tête avec l'Unsa d'un nouveau "bloc syndical" majoritaire. "Ils ne vont pas courir après les bandits à 60 ans", a poursuivi le syndicaliste. "On a un statut, on va le garder" et "s'il faut rentrer dans un rapport de force important, on le fera".
Le syndicat Unité SGP Police-FO a également marqué dans un communiqué son opposition à "toute réforme des retraites". "Garder nos bonifications, c'est le minimum", a ajouté auprès de l'AFP Grégory Joron, son secrétaire général. "Les policiers risquent leur vie tous les jours, subissent des horaires atypiques", avec du travail de nuit pour certains, a-t-il poursuivi. "On est contre l'allongement du départ à la retraite pour les policiers qui finissent leur carrière déjà bien fatigués".
Si la fatigue et les risques des fonctionnaires de la Police nationale ne sont pas à discuter, il est évident qu’il en est au moins de même pour les militaires de la Gendarmerie, dont le temps de travail est plus important, dont le rythme de travail oscille régulièrement entre jours et nuits, et pour lesquels le Conseil d’Etat a rappelé en 2021 que les astreintes auxquelles ils sont soumis, ne sont pas comptabilisées. Nul doute, donc, que les militaires vont suivre ce dossier de près, derrière leur devoir de réserve et leur probable sollicitation pour encadrer les manifestations policières à venir…
Retraite et limite d’âge des gendarmes
Actuellement, le système de retraite appliqué aux gendarmes ne s'appuie pas sur un âge de départ, mais sur un nombre d'années de service. Il est ainsi possible pour un gendarme de demander à liquider sa pension retraite à partir de 17 ans de service pour les militaires non-officiers, et 27 ans pour les officiers. Une liquidation qui peut entraîner des décotes plus ou moins importantes, “à moins d’accomplir des services complémentaires d’une durée de 10 trimestres, soit 2,5 ans de plus (19,5 années pour les non-officiers et 29,5 années pour les officiers)”, rappelait en février 2022 Me Aïda Moumni dans nos colonnes et sur le site de son cabinet d'avocats MDMH, spécialisé dans la défense des militaires.
Diverses situations ouvrent par ailleurs le droit à des bonifications ou des majorations, y compris les activités effectuées avant l’engagement au sein de la Gendarmerie.
Il est à noter qu’en parallèle, l’âge limite de service des gendarmes s’établit de la manière suivante:
- 58 ans pour les sous-officiers, de gendarme à adjudant-chef ;
- 59 ans pour les majors, et les officiers jusqu’au grade de lieutenant-colonel ;
- 60 ans pour les colonels ;
- 63 ans pour les officiers généraux.
Bien préparer sa retraite en amont, et la gérer ensuite… Un dossier spécial de L’Essor.