Un Tahitien de 26 ans, qui menaçait deux gendarmes mobiles, a été mortellement blessé mercredi 4 janvier 2023, par des balles tirées par les militaires qui s'estimaient en danger. Appelés pour un cambriolage à Taravao, deux gendarmes se sont retrouvés dans une rue de cette ville du sud-est de l'île Polynésienne, face au suspect qui a alors jeté une pierre dans leur direction, selon le parquet.
"L'un des gendarmes a alors utilisé son taser (pistolet à impulsion électrique), qui a été inefficient et l'homme a exhibé une machette (de 30 à 40cm) et tenté de leur administrer des coups qui auraient pu être mortels", a déclaré à l'AFP le procureur de la République Hervé Leroy. Les deux gendarmes ont riposté en sortant leur arme et en tirant quatre balles dans sa direction. Le suspect, qui n'a pas pu être réanimé, est décédé sur place. "Je tiens à souligner que quand les gendarmes sont obligés de se servir de leur arme, c'est parce qu'ils ont la nécessité de neutraliser un agresseur", a précisé le procureur.
La piste de la légitime défense privilégiée
Dans une nouvelle conférence de presse, le procureur de la République a donné davantage de détails sur le déroulement des faits. Après le jet de pierre et la riposte inefficace d'un gendarme avec son pistolet à impulsion électrique, l'homme a apparemment brandi un coupe-coupe, tout en s'approchant avec hostilité d'un des deux gendarmes. C'est alors que le binôme du gendarme menacé, "voyant son collègue en danger de mort", à ouvert le feu une première fois, à distance, sans effet. L’homme s’est finalement retrouvé à "environ 1 mètre" du chef de patrouille, armé de son coupe-coupe, et a alors tenté de lui porter des coups à la tête et à la gorge ; des "zones vitales", rappelle le magistrat. C'est à ce moment que le sous-officier a fait "usage de son arme à feu à quatre reprises, comme il a pu". Soulignant le fait qu'il y avait "un péril grave, sérieux et imminent", le procureur Hervé Leroy a déclaré qu'à ce stade de l’enquête, la thèse de la légitime défense était privilégiée.
Deux enquêtes ont été ouvertes: la première pour "tentative d'homicide volontaire sur personne dépositaire de l'autorité publique". La seconde, pour "violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner", afin de déterminer si les tirs des gendarmes étaient justifiés. Comme le prévoit la procédure, les deux militaires ont été placés en garde à vue et une autopsie a été ordonnée. Une garde à vue qui a été prolongée, selon le procureur "pour permettre le bon déroulement de l’enquête".
Plainte de la famille du Tahitien
Selon le média local polynésien TNTV, la famille de l'homme tué par les tirs des gendarmes a décidé de porté plainte contre les deux militaires. D'après la mère, le trentenaire souffrait d'un "genre de schizophrénie". Il était apparemment suivi par des spécialistes mais ne "prenait plus ses médicaments". Méconnaissant les circonstances de ces tirs, la famille reproche notamment une absence de dialogue de la part des gendarmes, mais également le fait de ne pas avoir plutôt tiré "sur ses pieds, ses bras" plutôt que sur "le corps"…
Outre sa "pathologie psychiatrique", pour laquelle il avait "rompu son traitement", l'homme était connu des services de police pour violences volontaires, dégradations et usage de drogues. Ce type d'évènement, relève l'AFP, est rarissime à Tahiti, en particulier dans le sud rural de l'île.
La rédaction de L'Essor, avec l'AFP
(Article mis à jour vendredi 6 janvier 2023, avec ajout des détails de l'agression des gendarmes, donnés par le procureur de la République, et de la plainte déposée par la famille de l'homme tué)