À travers l’écrin de sa voix grave et envoûtante brillait aussi la Gendarmerie nationale. C’était il y a un peu plus de deux ans. En novembre 2020, Eloïse Lapaille, alors âgée de 21 ans, atteignait les demi-finales du télé-crochet "La France a un incroyable talent". Au-delà de sa prestation scénique, son parcours était aussi porté par une vague de soutiens et d’émotion.
Un message à passer à l'époque
A l’époque où la jeune artiste est apparue sur les écrans, la France était plongée en pleine crise sanitaire et jonglait entre confinements partiels et déconfinement. Guitare à la main, la jeune nordiste interprétait le morceau Figures, de Jessie Reyez, qui évoque le mal qu’un homme peut faire à une femme. Un choix de titre qui n’avait rien d’anodin et ne résultait pas d’une consigne donnée dans les coulisses de l’émission. Ce soir-là, Eloïse Lapaille avait un message à faire passer: "inciter toutes les personnes victimes de violences, hommes comme femmes, à parler et à ne pas rester dans leur bulle".
Une voix de l'Institution
Si le thème des violences conjugales lui tient à cœur, c’est que la militaire a elle-même été témoin de ces scènes quand elle était enfant, entre l’âge de 6 et 10 ans. Et sans surprise, ce vécu l’a poussé à devenir gendarme en 2019. "Cela m’a énormément marquée, et m’a fait grandir et mûrir plus vite que je n’aurais dû. Je souhaitais aider les victimes. À la Gendarmerie, on est formés pour recueillir les plaintes, on prend cela à cœur. Au quotidien, malheureusement, on intervient pour ce genre de situation."
Comme des millions de Français, la Gendarmerie découvre ce soir-là une des siennes qui livre ce combat universel à travers les notes de musique. "Je n’avais prévenu personne, à part quelques collègues dans la brigade. Mais très vite, les réactions autour de moi ont été positives." Repérée par la hiérarchie, la gendarme adjointe, qui exerce alors dans une brigade près de Maubeuge (Nord), devient une voix de l’Institution. Et tout s’enchaîne.
Quelques jours après son passage dans l’émission, elle est invitée au ministère de l’Intérieur par Marlène Schiappa, à l’époque ministre déléguée à la Citoyenneté, ainsi que Sylvie Tellier, directrice générale de Miss France, à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Elle a l’honneur d’interpréter une nouvelle fois le titre Figures, Place Beauvau. Accompagnée de l’orchestre de la Garde républicaine, elle chante aussi deux titres lors de la Journée internationale des droits des femmes, ainsi qu’un hommage à des camarades décédés en service. À cette occasion, elle rencontre également le général Christian Rodriguez, directeur général de la Gendarmerie nationale, pour évoquer son parcours atypique et son combat contre les violences faites aux femmes. Enfin, dans sa région, elle participe activement au projet Car’ado, initié par la gendarmerie du Nord avec des lycéens et destiné à lutter contre l’augmentation des violences sexuelles et sexistes envers les femmes, ou encore le harcèlement scolaire. Très rapidement, et sans doute sans le vouloir, Eloïse Lapaille est devenue le symbole de cette cause.
J’étais à la caserne avec des collègues quand j’ai entendu mon titre à la radio. J’ai pleuré !
EloÏz
D'Eloïse Lapaille à Eloïz
Pour autant, derrière la gendarme adjointe se trouve aussi la chanteuse, qui n’entend pas se cacher. Auteure compositrice et interprète, elle chante depuis l’âge de 6 ans. Suite à son passage dans l’émission à forte audience, elle a multiplié les prestations lors de divers événements allant de la Fête de la musique à ses propres concerts, dont la plus grosse scène accueillait un public de 15.000 personnes (à l'occasion d'un 14-Juillet). Depuis deux ans et son passage sur M6, beaucoup de choses se sont enchaînées pour la jeune Nordiste, qui est désormais affectée à la communication de la gendarmerie du Nord. "À la base, je faisais de la musique dans mon coin et dans ma chambre. Je partageais juste avec mes amis et ma famille. Et maintenant, je peux dire que j’ai chanté à la télévision et que je fais des concerts".
L’artiste, qui se fait désormais appeler Eloïz, jouit actuellement d’une certaine notoriété. Fin 2022, une équipe de l’émission Grand Reportage l’a suivie dans son quotidien pour une émission qui sera prochainement consacrée aux personnes qui vont au bout de leur passion. Entre son métier, la musique tous les soirs dans un studio, à plus de trois quarts d’heure de chez elle, et l’arbitrage de matchs de basket-ball chaque week-end, la gendarme-adjointe a un emploi du temps intense. Quant à son avenir? Sous contrat avec la Gendarmerie jusqu’en novembre 2024, elle espère clairement qu’il s’écrira entièrement en chansons, quitte à troquer définitivement le képi pour le micro. "Même si j’aime la Gendarmerie, être chanteuse, c’est mon rêve".
Sortie de son premier single
Preuves que ses rêves ne sont plus loin de passer à la réalité, la Nordiste aujourd'hui brigadière-cheffe a sorti son premier single, Bonhomme heureux, en novembre 2022. Ce titre est une déclaration d’amour sous forme de mélodie. "Ce premier single, je l’ai écrit pour mon filleul. C’est le centre de ma vie, mon meilleur ami. Ce texte représente beaucoup pour moi et pour lui. C’est une touche personnelle pour lui", explique-t-elle. Que de chemin parcouru pour cette gendarme adjointe qui était encore totalement inconnue il y a à peine deux ans.
Elle n’oubliera jamais la première fois où elle a entendu son titre passer sur les ondes. "J’étais à la caserne avec des collègues. Quand j’ai entendu mon titre à la radio, j’ai pleuré. Je me suis dit que tout mon travail était concrétisé. C’est un rêve d’enfant. Petite, je me disais “imagine un jour, c’est toi”, et puis là, c’est moi. C’est dingue!" Cette route vers le succès n’en est qu’à ses prémices, un EP (Extented Play) avec plusieurs titres devrait suivre au printemps 2023. Avant de reprendre la route des concerts. Pour une rencontre à son image, sincère et authentique, avec ses fans.
FS
La cheffe d’escadron Blandine Jolibois, vice-championne de France de kick-boxing