L’adjudant David Barnabé a la particularité d’être souvent là où on ne l’attend pas. Combien ne seront alors pas surpris de le voir avec une médaille de bronze autour du cou à l’issue des championnats du monde de ski des militaires , dans l’épreuve de para ski de fond. Pourtant, quelques heures après être descendu du podium, même lui devait encore se pincer pour y croire. Il est lui-même bluffé par ce côté si imprévisible qui caractérise tant sa personnalité. "Si on m’avait un jour dit ça, l’année de mes 53 ans, j’aurais clairement cru à une blague".
Athlète handisport reconnu, il n’est toutefois pas un spécialiste des compétitions de haut niveau. Et encore moins des disciplines qui se disputent sur la neige. Pourtant, ce défi, David Barnabé l’a relevé après avoir essuyé un refus lors des sélections pour les Invictus Games, cette compétition internationale qui rassemble soldats et vétérans de guerre blessés et personnes en situation de handicap.
Il a appris sa sélection à Noël
"Il y a quelques mois, j’étais présent à Rochefort au championnat de France militaire de cross-country dans la catégorie handisport. J’ai appris que je n’étais pas sélectionné pour les Invictus Games et j’étais clairement déçu. L’adjudant-chef Christophe Simon m’a alors proposé d’intégrer l’équipe de France militaire de para ski pour les championnats du monde militaire". Comme un cadeau de Noël, il apprenait sa sélection en décembre 2022.
David Barnabé, un phénix dans la Gendarmerie
Objectif : Invictus Games
Après seulement "cinq semaines de ski dans les jambes", David Barnabé s’est présenté aux championnats du monde militaire qui avaient lieu du 28 au 31 mars 2023 à Boden, en Suède. Aligné sur l’épreuve de para ski de fond de sept kilomètres, le gendarme a fini à la troisième place d’une course remportée par un autre Français, Benjamin Daviet.
Une nouvelle fois, David Barnabé, aujourd’hui adjudant au Centre national d’entraînement des forces de la gendarmerie (CNEFG) à Saint-Astier, a offert une belle leçon de résilience. "Quand je regarde mon parcours, je n’y crois pas. Sur le podium, j’étais ému. Je représentais l’Armée des champions, la France, mon pays, et la Gendarmerie. C’est énorme". Désormais, ce sportif, à l’appétit insatiable, a pris goût aux compétitions de para ski et espère être de nouveau présent aux prochains championnats du monde militaires de ski en 2025, en Suisse. Entre temps, il espère aussi décrocher une sélection pour participer aux Invictus Games. "J’ai vraiment envie d’y aller", espère celui qui, à peine de retour de Suède, se présentera le 4 avril à l’école de Gendarmerie de Dijon pour courir le cross national Gendarmerie.
Une leçon d'abnégation
Pour rappel, David Barnabé avait pris la décision de se faire amputer d’une jambe en janvier 2019, après avoir été grièvement blessé une dizaine d’années plus tôt, lors d’une manifestation puis d’un exercice. A l’époque, le Franc-Comtois de naissance était gendarme à l’EGM 22/1 de Melun. Depuis qu’il n’a plus de jambe gauche, il n’a de cesse de diffuser le message d’une abnégation sans faille partout où il passe. "Je veux montrer que tout est possible, qu’il n’y a aucune limite". Il vient, une nouvelle fois, d’en apporter la preuve.
F.S.