Quatre gendarmes ont été condamnés à des peines de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Strasbourg, pour des faits commis sur une collègue entre 2016 et 2021. Trois d’en eux étaient des supérieurs hiérarchiques. Les faits se sont produits au sein du groupe d’observation et de surveillance (GOS) de Strasbourg, auquel appartenaient les militaires. Pendant cinq ans, la victime a subi les propos déplacés et à connotation sexuelle de son chef de service et de trois autres collègues. Les accusés ont jusqu’au 17 mars pour interjeter appel.
Des photomontages à caractère pornographique
Selon France 3 Régions, la victime, âgée de 35 à 40 ans au moment des faits, était arrivée au GOS de Strasbourg en 2016. Pendant cinq ans, elle a été harcelée de deux manières. Tout d’abord par des propos sexistes, humiliants, salaces et graveleux. Puis se sont ajoutés des photomontages à caractère pornographique qui ont été partagés sur la conversation du groupe WhatsApp de l’unité, dont la victime était aussi membre. Selon l’avocate de la plaignante, "les collègues prenaient des photos de sites pornos et collaient le visage de ma cliente sur une femme qui masturbait un homme ou qui étaient dans des situations humiliantes".
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Les faits dénoncés auprès de la hiérarchie
Nos confrères soulignent également que la victime a voulu dénoncer"des conditions de travail intolérables" auprès de la hiérarchie, en vain. La gendarme a aussi pris la décision d’en parler à des collègues d’une autre unité, leur faisant part aussi de ses intentions de se suicider. L’un d’eux a d’ailleurs confirmé avoir remonté la situation de la gendarme aux "N+1,+2,+3 (ndlr : niveaux de hiérarchie) et aussi au corps médical". En 2019, un nouveau patron est arrivé au GOS de Strasbourg, mais la situation ne s’est pas améliorée pour autant. Même s’il ne faisait pas partie des mis en cause, il a tout de même été cité à comparaître en tant que témoin lors du procès. "Tout était normal pour lui. Sur le groupe WhatsApp, il mettait toujours le même smiley quand il y avait les photomontages, celui du singe qui se cache les yeux", ajoute la défense.
A la barre, l’avocat des quatre gendarmes a contesté les faits dénoncés par la victime, présente au tribunal et qui a été depuis mutée dans le sud de la France. Il a notamment assuré que la plaignante avait également partagé des photos sexuelles sur le groupe WhatsApp, évoquant aussi "une conversation qui d’ailleurs était privée et non professionnelle. Elle n’était pas obligée d’être dessus".
Des condamnations supérieurs aux réquisitions du ministère public
Au terme d’une audience de sept heures, les peines prononcées sont supérieures à celles requises par le ministère public : 18 mois de prison avec sursis, accompagnés d’une peine d’inéligibilité de deux ans, et 12 mois avec sursis pour un autre supérieur avec une inéligibilité d’un an. Reconnue comme moindre par la présidente, l’implication des deux autres gendarmes dans le harcèlement sexuel de leur collègue a été sanctionnée de peines moins lourdes, soit six mois de prison avec sursis, avec une peine d’inéligibilité de six mois pour l'un, et trois mois avec sursis pour l'autre.
Sollicitée par l'Agence France Presse (AFP) sur d’éventuelles mesures disciplinaires et la prise en charge des frais d’avocats des gendarmes au titre de la protection fonctionnelle, la région de gendarmerie du Grand Est n’a pas répondu.