La commission des lois du Sénat a auditionné mercredi 5 juillet le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin "sur les émeutes survenues depuis le 27 juin 2023". Voici les principaux points de cette audition.
Le bilan
Gérald Darmanin a égrené quelques chiffres montrant l'importance des violences urbaines :
- 23.878 feux de voie publiques, notamment des poubelles
- 12.031 véhicules incendiés
- 2.508 bâtiments incendiés ou dégradés, dont 273 bâtiments des forces de sécurité, Gendarmerie et Police nationales, mais aussi polices municipales
- 105 mairies incendiées ou dégradées
- 168 écoles attaquées selon diverses modalités
- 17 atteintes aux élus ont été recensées
- 3.505 interpellations, dont 1.373 sur le ressort de la préfecture de Police de Paris, soit la capitale et sa petite couronne
Des unités d’intervention mobilisées
Le ministre a rappelé qu’il avait demandé "dès le deuxième jour" la mobilisation des unités d’intervention habituellement "utilisées en judiciaire", soit le GIGN, le Raid, la BRI, mais aussi les pelotons d’intervention de la garde républicaine. Ils ont "procédé à d’assez nombreuses interpellations".
L’engagement des forces de sécurité
Le ministre a salué l’engagement des forces de sécurité et rappelé que les policiers et gendarmes ont été "rappelés de congés", que des formations ont été annulées, ainsi que des missions, comme "les CRS des plages".
Rappelant également l’organisation de "continuités de service au delà des horaires", Gérald Darmanin a assuré qu’il saurait remercier les forces de sécurité "symboliquement et plus que cela".
Les violences urbaines racontées par les gendarmes
Le profil et le nombre des émeutiers
La sociologie des émeutiers "interroge" en raison de leur très jeune âge, a expliqué le ministre. La moyenne d’âge des 3.500 personnes interpellées se situe en effet "entre 17 et 18 ans", ce qui signifie "que les mineurs qu’on a interpellé sont extrêmement jeunes pour la plupart d’entre eux". Un tiers des personnes interpellées sont mineurs et 60% n’ont pas de casier judiciaire est sont inconnues des services de police. Par ailleurs, a précisé Gérald Darmanin, "seuls 10% des personnes que nous avons interpellées sont de nationalité non françaises", ajoutant que seuls 40 d’entre elles sur 3.500 avaient été placées en centre de rétention administrative.
Les services du ministère de l’Intérieur estime qu’entre 8.000 et 12.000 personnes ont participé aux émeutes, "peut-être un peu plus, peut-être un peu moins, mais on ne peut pas considérer qu'il y avait des centaines de milliers de personnes dans ses quartiers ou des millions de personnes vivent qui se soient rebellés contre la République".
L’Etat d’urgence
Sur l’instauration éventuelle d’un état d’urgence, "je ne suis pas sûr qu'il nous aurait beaucoup aidé", a jugé Gérald Darmanin. Son utilité résidant dans la possibilité de mener des perquisitions administratives, il n’aurait selon lui pas servi dans un contexte où "il n’y avait pas d'organisation criminelle". Le ministre a donc "fait le pari que la démonstration de force et les interpellation" seraient "de nature à calmer une partie des émeutiers".
La particularité de la métropole.
Ni la Corse ni les outre-mers n’ont été touchées par ce phénomène, hormis, la Guyane et la Réunion, "mais très en deca de ce qu’a fait la métropole". Pour lui, c’est un "sujet métropolitain".
Emeutes : accalmie des violences. Déjà près de 3.500 interpellations
Désarmer les émeutier.
Il n’y a eu que peu de tirs sur les policiers et les gendarmes, en dépit de la gravité des rares occurrences. le ministre a cité un policier qui, à Nîmes, a vu eu la vie sauvée par son gilet pare-balles dans lequel s’est fiché une balle de 9mm.
A Lyon aussi, des tirs à la chevrotine ont blessé plusieurs policiers tandis qu’ici ou là, il a pu y avoir des "alertes de personnes avec des armes longues" et des "tirs sur des bâtiments publics ou les caméras de vidéo surveillance", mais pas de "tirs de Kalachnikov".
Le problème principal reste les mortiers d’artifice, dont la vente en ligne ou à l’étranger est surveillée par les Douanes, ainsi que les cocktails molotov qui ont conduit les préfets à interdire la vente en bidon dans les stations essence.