<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Migrants : le témoignage d’un gendarme sur les nouvelles méthodes des passeurs

Photo : De nombreux gendarmes et policiers participent à la surveillance du littoral du nord de la France pour lutter contre les tentatives de traversées de migrants. (Photo d'illustration - Gendarmerie_029/Twitter)

20 juillet 2023 | Opérationnel

Temps de lecture : 3 minutes

Migrants : le témoignage d’un gendarme sur les nouvelles méthodes des passeurs

par | Opérationnel

Les passeurs ne prennent pas de vacances. Et même si les passages de migrants vers l’Angleterre, au départ de la côte d’opale (Pas-de-Calais) sont, pour le moment, en baisse de 20 à 30% par rapport à 2022 à la même période, ils restent malgré tout aussi nombreux. Afin d’éviter ces départs, les gendarmes et les […]

Les passeurs ne prennent pas de vacances. Et même si les passages de migrants vers l’Angleterre, au départ de la côte d’opale (Pas-de-Calais) sont, pour le moment, en baisse de 20 à 30% par rapport à 2022 à la même période, ils restent malgré tout aussi nombreux. Afin d’éviter ces départs, les gendarmes et les policiers réalisent un énorme travail dans le détroit du Pas-de-Calais, désormais réputé comme l’un des plus dangereux au monde. Ils doivent également s’adapter aux méthodes des passeurs qui changent. Les gendarmes font donc évoluer les leurs.

Comme l’explique le commandant de Compagnie de Dunkerque-Hoymille (Nord), le colonel Chacon, les migrants et les passeurs ne reculent devant rien et sont de plus en plus déterminés pour traverser la Manche. "Les bateaux sont de plus en plus gros et on est obligé de s’adapter car il y a de plus en plus de monde qui veut absolument passer", explique-t-il au micro de Delta FM.

Le haut gradé confirme que les passeurs adoptent des "techniques presque militaires comme de la fixation ou du contournement". Comme les méthodes des passeurs ont évolué ces derniers mois, celles des forces de l’ordre, et en l’occurrence des gendarmes flamands, changent aussi, avec l’utilisation des drones, des méthodes de veille… "On observe leurs méthodes au jour le jour car il faut être en opposition le plus tôt possible. Il y a aussi les témoignages que l’on peut avoir, et d’autres indices qui, par exemples, nous permettent de découvrir des zones d’attente où du matériel peut être déposé", ajoute le colonel Chacon.

Enfin, le commandant de compagnie de Dunkerque-Hoymille souligne la nécessité de travailler "en amont" afin "de faciliter le travail de nos partenaires". Car "le but est d’éviter que les gens prennent des risques en mer " tant pour les migrants que pour les forces de l’ordre. En effet, "quand un bateau de la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM) prend 50-70 migrants à bord, ça peut être dangereux".

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Sous les yeux des touristes pour perturber les modes opératoires des forces de l'ordre

 Le mode opératoire des passeurs "évolue en permanence" et "c'est le cas  actuellement avec le phénomène croissant des taxi-boats" : une préparation de la traversée en mode discrétion lors de la mise à l'eau du bateau" et "ensuite une récupération des migrants qui tentent de rejoindre le bateau à la nage", a expliqué Jacques Billant, préfet du Pas-de-Calais lors d'un point presse le 19 juillet 2023 à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) au cours duquel il annonçait l’arrivée d’une compagnie supplémentaire de CRS sur le littoral pour "s'adapter" au "mode opératoire des passeurs" et au phénomène des  "taxi-boats", au lendemain de départs d'embarcations de migrants en pleine  journée sous les yeux de touristes.

"C'est ce à quoi nous avons été confrontés hier à Boulogne-sur-Mer en plein centre et en plein jour", a-t-il poursuivi, estimant que cette stratégie des passeurs d'opérer sur un site "à forte fréquentation touristique" avait pour objectif "de perturber les modes opératoires des forces de l'ordre", entravant leur action. "Nous avons vu des hommes, mais aussi des femmes et des enfants, tenter de rejoindre le bateau à la nage sans gilet de sauvetage" et des passeurs "qui faisaient le tri en en acceptant certains et en en rejetant d'autres", a poursuivi le préfet.  Depuis le début de l'année "nous avons enregistré 715 événements sur nos côtes, 289 traversées réussies – contre 414 en 2022 à la même époque – et nous avons 426 traversés qui ont été interceptées", a-t-il aussi détaillé, rappelant que quelque "800 personnels" se consacraient à la lutte contre les traversées de la Manche.

Deux embarcations pneumatiques surchargées de migrants assis à califourchon sur les boudins ont aussi quitté la plage de Sangatte à l'ouest de Calais le 18 juillet, en fin de matinée, sous les yeux de promeneurs stupéfaits. 

 

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