Un ancien adjudant de gendarmerie risque une peine de prison de 18 mois avec sursis pour harcèlement sexuel sur une de ses collègues et menace de mort sur le conjoint de celle-ci. L’ancien militaire, 53 ans, était le tuteur de la victime. Jugé le 20 novembre 2023 par le tribunal correctionnel de Brest, il lui est aussi reproché d’avoir "abusé de l’autorité que lui confère la fonction". Mis en délibéré, le jugement sera rendu le 18 décembre.
Pour la victime, il y a un problème dans l'institution même de la gendarmerie
Les fait se sont déroulés entre 2017 et 2022 au sein de la brigade de Plourin-les-Morlaix (Finistère). Durant plusieurs années, le prévenu aurait harcelé sexuellement la victime, alors âgée de 19 ans. "On est au-delà de l’humour de corps de garde", a relevé le procureur lors de l’audience pour qualifier la manière dont le supérieur hiérarchique s’adressait à la jeune gendarme.
Un jour, l’homme, alcoolisé, s’est même rendu au domicile de la victime. A cette occasion, il aurait menacé de mort le conjoint de la gendarme. Aujourd’hui âgée de 26 ans, la gendarme a reconnu s’être sentie "seule" au moment où elle a décidé de porter plainte. Elle ajoute avoir subi "différentes moqueries". A la barre du tribunal, elle a dénoncé un problème qui, selon elle, dépasse son cas personnel : "Tous les jours, on défend des victimes en tant que gendarmes, mais, dans l’institution même de la gendarmerie, il y a un gros problème".
Un militaire radié de la Gendarmerie pour harcèlement et agression sexuelle sur ses subordonnées
Une carrière de 33 ans dans la gendarmerie
Sur le banc des accusés, l’ancien gendarme, retraité de l’Arme, exerce aujourd’hui le métier de chauffeur poids lourd. Il avoue avoir connu des problèmes d’alcool suite au décès de son fils. L’homme a plaidé l’humour "gras", des "blagues à la Bigard". "Vous ne faites pas dans la dentelle", lui a répondu le président. "Quand vous dites « tu es juste bonne à écarter les cuisses », ce n’est pas de l’humour gras, monsieur, c’est humiliant, c’est insupportable".
L’avocat du prévenu, Alexandre Quemener a qualifié son client de "lourd", de "beauf". En revanche, il a insisté sur le fait qu’il n’était pas "un harceleur sexuel", avançant également qu'il a effectué "33 ans de carrière exemplaire" au sein de la gendarmerie.
Le procureur a requis 18 ans de prison avec sursis probatoire contre l’ancien gendarme, avec l’interdiction de paraître dans la commune concernée, aux domiciles des victimes, d’entrer en contact avec elles, et de porter ou de détenir une arme. Le jugement a été mis en délibéré au 18 décembre.