Ces dernières 24 heures, les gendarmes affirment avoir repris possession d'une "trentaine" de barrages, a évoqué à l'AFP une source de la Gendarmerie. Six personnes ont été tuées depuis le début des violences. Parmi les morts figurent deux gendarmes mobiles dont les dépouilles ont été ramenées lundi 20 mai 2024 par avion militaire dans l'Hexagone.
Depuis le début des émeutes le 13 mai 2024, 84 policiers et gendarmes ont été blessés, a indiqué mardi Gérald Darmanin lors de la séance des questions au gouvernement des députés. Les forces de l'ordre ont procédé à 276 interpellations, dont 248 ont conduit à des gardes à vue, a précisé un peu plus tard le ministre de l'Intérieur lors d'une audition à l'Assemblée nationale.
Signe de la difficulté à reprendre en main la situation sécuritaire, l'aéroport international de l'archipel a annoncé qu'il resterait fermé aux vols commerciaux jusqu'à samedi matin. Mardi matin, sur la route express entre Nouméa et l'aéroport de La Tontounta, l'entrepôt d'une entreprise de fournitures de bureau était en feu, dégageant une épaisse fumée noire. Deux carcasses de voitures empilées formaient un barrage à 200 mètres de là, des jeunes hommes cagoulés filtrant le passage des voitures.
Environ 400 entreprises et commerces ont subi des dégradations dans Nouméa et les villes limitrophes depuis le début des émeutes, a annoncé mardi le procureur de la République de Nouméa.
La situation s'améliore, mais la mobilisation ne faiblit pas
Sur les barrages, la mobilisation ne semble pas faiblir, malgré le déploiement massif de forces de sécurité intérieure, qui dépassent désormais les 2.700 personnes. "On ne lâche pas ! On ne lâche pas jusqu'à ce qu'ils retirent le texte (…). Même s'il faut mourir, on restera là sur les barrages", assure à l'AFP Simon, un chauffeur livreur de 34 ans qui garde un barrage dans le quartier de Montravel, un fief indépendantiste.
Emmanuel Macron devait décoller ce mardi soir pour la Nouvelle-Calédonie, afin d'y installer une "mission", plus d'une semaine après le début d'émeutes inédites en près de 40 ans sur l'archipel, où "la situation s'améliore", mais reste précaire, selon les autorités.
La visite surprise du chef de l'Etat a été annoncée mardi en Conseil des ministres, au moment où le camp loyaliste se fissure et où se multiplient les demandes de report de la réforme du corps électoral.
Le président part "dans un esprit de responsabilité", a déclaré la porte-parole du gouvernement, Prisca Thevenot, sans vouloir détailler la "mission" évoquée ni dire combien de temps le chef de l'Etat resterait sur l'archipel.
Depuis l’entrée en vigueur de l’état d’urgence en Nouvelle-Calédonie, mercredi 15 mai 2024, les autorités ont procédé à "29 procédures d’assignation à résidence, et 17 ont été notifiées". Celles-ci visent en particulier des membres de la CCAT, une organisation indépendantiste, accusée d’être à l’origine des "exactions".
Si le gouvernement n’a pas encore pris sa décision quant à une possible reconduction de l’état d’urgence, le Conseil d’État a donné son aval à une telle prolongation, a annoncé Gérald Darmanin devant la commission des Lois de l’Assemblée nationale, mardi 21 mai, quelques heures avant de décoller pour Nouméa aux côtés d’Emmanuel Macron.
(Avec l'AFP)