Un homme suspecté d'être l'un des principaux dirigeants du réseau mondial de communications cryptées EncroChat, largement utilisé par le crime organisé, notamment des trafiquants de drogue et des commanditaires et auteurs d'assassinats, a été mis en examen, a annoncé lundi 5 février 2024 le parquet de Lille.
Cette personne avait été identifiée en République Dominicaine et interpellée par les autorités locales en mai 2022, a indiqué la procureure de la République de Lille Carole Etienne dans un communiqué. "Assigné à résidence tout au long de la procédure d'extradition", l'individu "a été remis à la France le 2 février", a-t-elle ajouté, soulignant la "coopération internationale".
Le suspect, recherché en vertu d'un mandat d'arrêt émis le 6 juillet 2021, a été mis en examen pour seize chefs dont "fourniture d'un moyen de cryptologie n'assurant pas exclusivement des fonctions d'authentification", "complicité d'importation illicite de produit stupéfiants" et "association de malfaiteurs". Il a été placé en détention provisoire en France.
Le démantèlement en 2020 du réseau mondial de communications cryptées EncroChat a constitué "un tournant" dans la lutte contre le crime organisé, selon les enquêteurs. En juin 2023, lors d'une conférence de presse, les agences de coopération européennes policière, Europol, et judiciaire, Eurojust, ainsi que les parquets français et néerlandais avaient indiqué que 6.658 personnes avaient été arrêtées, dont 197 "cibles de grande valeur" et que près de 900 millions d'euros d'avoirs criminels avaient été saisis ou gelés.
Une option "code pin panique" permettant un effacement éclair
L'enquête sur ce réseau, qui promettait à des groupes criminels une absence de traçabilité absolue, avait été lancée en 2018 à Lille après la localisation à Roubaix de serveurs d'EncroChat. Le démantèlement d'EncroChat avait été annoncé en juillet 2020 par les autorités judiciaires et policières françaises et néerlandaises, après que le réseau eut détecté, le 13 juin 2020, avoir été infiltré. EncroChat vendait pour environ 1.000 euros des téléphones entièrement cryptés, sans caméra, microphone, GPS ni port USB, avec une option "code pin panique" permettant un effacement éclair des données. De quoi rapporter, en trois ans, "environ 200 millions d'euros au groupe qui l'a mis sur pied", selon Europol.
(Avec l'AFP)
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