Ce sont deux affaires totalement distinctes, mais la conséquence est la même. En l'espace de 24 heures, les gendarmes ont été contraints d'ouvrir le feu sur deux hommes, les blessant mortellement.
La première affaire s'est déroulée mercredi 21 février 2024, dans la commune des Arcs (Var). Appelés à la demande de la police municipale pour intervenir au domicile d'un homme "suite à des faits d'outrage sur personnes dépositaires de l'autorité publique", comme l'a précisé dans un communiqué Pierre Couttenier, le procureur de la République de Draguignan, les gendarmes du peloton de surveillance et d'intervention de la gendarmerie (Psig) se sont retrouvés confrontés à une situation particulièrement délicate.
Essence et couteau dans le Var
Quand les gendarmes se sont présentés à son domicile, l'homme aurait refusé d'ouvrir et jeté sous sa porte un "produit inflammable", qui s'est déversé dans les parties communes de l'immeuble. Redoutant, "pour la sécurité des riverains", que l'homme ne mette feu au produit, ils ont alors forcé l'entrée de son domicile. Le suspect se serait alors précipité sur eux "armé d'un couteau". C'est à ce moment-là que l'un des gendarmes a ouvert le feu avec son arme de service, le blessant mortellement. Selon le parquet, l'homme était connu pour "ses antécédents judiciaires et susceptible de présenter des troubles mentaux".
Comme le prévoit la procédure, le militaire a été placé en garde à vue dans la foulée et une enquête de flagrance du chef "d'homicide volontaire par personne dépositaire de l'autorité publique" a été ouverte. Elle a été confiée par le parquet de Draguignan à l'Inspection générale de la Gendarmerie nationale (IGGN) ainsi qu'à la section de recherches (SR) de Marseille. L'IGGN sera chargée de déterminer les conditions de l'intervention des gendarmes et de l'utilisation de son arme par le tireur. La section de recherches va se pencher sur les faits initiaux ayant justifié l'intervention des forces de l'ordre, précise le communiqué du magistrat.
Interpellations en Corse
La deuxième affaire est bien différente. Jeudi 22 février 2024, au petit matin, une opération judiciaire coordonnée est lancée dans les départements de Haute-Corse et de Corse-du-Sud. Plusieurs interpellations doivent avoir lieu "sur commission rogatoire d'un juge d'instruction (..) d'Ajaccio, des chefs de recel de vol, d'association de malfaiteurs et de vols en bande organisée", a précisé le procureur de Bastia Jean-Philippe Navarre dans un communiqué.
Vers 06h00 du matin, une opération est menée dans ce cadre par les gendarmes à Poggio d'Oletta, un village situé à 20 kilomètres au sud de Bastia. "Une des personnes visées dans le cadre de l'enquête a été blessée par balles des suites de tirs dont les circonstances demeurent à ce stade indéterminées", indique le procureur.
"En dépit de l'intervention des secours, la victime, par ailleurs défavorablement connue des autorités judiciaires pour avoir été déjà condamnée à plusieurs reprises, est décédée des suites de ses blessures", complète le magistrat.
Le gendarme auteur du tir a été placé en garde à vue "du chef d'homicide volontaire par personne dépositaire de l'autorité publique". Une enquête a été ouverte et confiée aux services de la direction interdépartementale de la Police nationale (DIPN) de Haute-Corse ainsi que de l'Inspection générale de la Gendarmerie.
Selon nos confrères de France 3 Corse Viastella, quatre interpellations auraient été effectuées dans le cadre de cette opération, dont trois en Corse-du-Sud. L'action était "conduite par les services de la SR d’Ajaccio avec le concours de la SR de Bastia" et le renfort d'unités territoriales, à commencer par les Psig locaux.
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Le rare usage des armes par les gendarmes
Selon des statistiques diffusées par le ministère de l'Intérieur et l'IGGN, l'usage des armes par les gendarmes est nettement inférieur à celui des policiers. Outre une différence de populations et de faits criminels liée à la répartition territoriale, ce contraste peut aussi s'expliquer par une meilleure "maîtrise du feu" par les gendarmes, qui ne font généralement usage de leurs armes qu'en dernier recours. Le dernier rapport de l'IGGN indique d'ailleurs que l'usage d'une arme par un gendarme faisant face à une agression armée était en 2022 inférieur à 3 % des cas.
Ainsi, au cours de l'année 2022, alors même que le nombre d'agressions subies par les gendarmes continuait d'augmenter, trois personnes sont décédées à la suite de tirs de gendarmes. Deux personnes ont par ailleurs ont été blessées par arme à feu par les gendarmes.
On ne dispose pas encore des statistiques de l'année 2023 qui devraient être publiées d'ici l'été.