Les autorités françaises ont ouvert, mercredi 1er octobre 2025, une enquête sur un pétrolier appartenant à la flotte fantôme russe, et soupçonné d’être impliqué dans un survol récent de drones au Danemark, qui s’est immobilisé depuis plusieurs jours au large des côtes françaises.
Le pétrolier, baptisé « Pushpa » ou « Boracay » et battant pavillon du Bénin, est stationné près du parc éolien de Saint-Nazaire.
La Gendarmerie maritime chargée de l’enquête
Le navire ayant jeté l’ancre depuis plusieurs jours à proximité du parc éolien de Saint-Nazaire, selon le site Marine Traffic, la préfecture maritime de l’Atlantique a indiqué « avoir récemment réalisé un signalement au procureur de la République de Brest » concernant ce navire « soupçonné d’être en infraction ».
À la suite du signalement, le procureur de Brest, Stéphane Kellenberger, a précisé à l’AFP avoir ouvert une enquête pour « défaut de justification de la nationalité du navire/pavillon » et « refus d’obtempérer ». Des « délits maritimes » passibles d’un an de prison et 150.000 euros d’amende. « Les investigations et actes utiles ont été confiés par mes soins, en co-saisine, à la section de recherches (SR) de la Gendarmerie maritime, ainsi qu’au groupement de gendarmerie maritime de l’Atlantique« , a-t-il ajouté, sans plus de précision.
C’est dans le cadre de cette enquête, menée par la Gendarmerie maritime, que le navire a été « arraisonné samedi dernier », selon une source militaire. Deux membres d’équipage, se présentant « comme le commandant du navire et son second », ont été placés en garde à vue, a annoncé mercredi le procureur de Brest. Mercredi après-midi, des images aériennes tournées par l’AFP au large de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) montraient des militaires cagoulés présents sur le pont du navire.
En marge d’un sommet européen à Copenhague, le président de la République Emmanuel Macron a évoqué une « opération très importante » de la Marine. « Les équipes d’intervention ont agi en temps et en heure », a-t-il déclaré, en affirmant: « Il y a eu des fautes très importantes qui ont été commises par cet équipage qui justifient d’ailleurs que la procédure soit judiciarisée aujourd’hui ».
Une plateforme de lancement de drones ?
Selon une décision du conseil de l’Union européenne du 24 février 2025, le navire est sous sanctions européennes pour son appartenance à la flotte fantôme russe. Une flotte que Moscou utilise pour contourner les sanctions occidentales contre ses ventes de pétrole. Outre l’Union européenne, le navire est aussi sous sanctions du Canada, de la Suisse, de la Nouvelle-Zélande et du Royaume-Uni.
Il est par ailleurs soupçonné d’être impliqué dans les survols de drones ayant perturbé le trafic aérien danois, selon le site spécialisé The Maritime Executive, qui précise que le navire a pu servir de « plateforme de lancement » ou comme « leurre ».
Construit en 2007, le navire de 244 mètres de long a changé de nom et de pavillon à de nombreuses reprises, étant alternativement immatriculé au Gabon, aux îles Marshall ou en Mongolie, selon le site www.opensanctions.org. Parti de Primorsk, près de Saint-Petersbourg en Russie, le 20 septembre, le pétrolier devait rejoindre Vadinar, dans le nord-ouest de l’Inde, le 20 octobre.
Les récents signalements de drones à travers le Danemark ont entraîné la fermeture de plusieurs aéroports, dont celui de Copenhague, le plus grand d’Europe du Nord.
(Avec l’AFP)
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