Un gendarme de 22 ans a été condamné mercredi 22 janvier 2025 par le tribunal correctionnel de Besançon à six mois d’emprisonnement avec sursis et à l’interdiction définitive d’exercer ses fonctions, pour avoir prostitué sa femme et violé le secret professionnel.
Début décembre 2024, la femme se rend au commissariat de police de Lons-le-Saunier. Elle souhaite déposer plainte pour des violences qu’elle affirme avoir subies le jour même, ainsi que quelques semaines auparavant. Mais au fil de son audition, la femme révèle d’autres faits aux policiers. Évoquant, selon L’Est Républicain, les « pulsions » de son conjoint, elle explique avoir été amenée à se prostituer pour satisfaire les désirs de l’homme, gendarme de profession.
En 2022, vivant alors à Montauban, le jeune homme avait convaincu son épouse, avec qui il s’était marié récemment, de s’inscrire sur un site internet « d’escort girl ». Il avait alors organisé un rendez-vous dans un hôtel avec un client, et fixé le prix de la passe. Comme l’indique France 3 Bourgogne-Franche-Comte, il suivait à ce moment là une scolarité en école de gendarmerie.
À l’issue du rendez-vous, le couple s’était partagé la somme de 500 euros. « Je souhaitais partager mon épouse avec quelqu’un d’autre. C’était mon fantasme », a déclaré le prévenu à la barre du tribunal. « Lors de cette relation tarifée, je ne me suis pas sentie bien, mais je l’ai fait par amour pour lui », expliquait l’épouse. Au procès, le mari reconnaitra un seul fait de proxénétisme, sans toutefois en avoir tiré profit.
Du libertinage à la prostitution
Le couple fréquentait également des clubs libertins. Tout d’abord à Toulouse, puis dans le Jura, lorsque le mari recevra son affectation à la brigade de gendarmerie de Bletterans (Jura), au nord de Lons-le-Saunier.
« Avez-vous le sentiment d’avoir franchi un pas entre libertinages et relations tarifées? Vous ne vous êtes jamais dit: je vais abimer mon épouse? » questionne à l’audience la représentante du ministère public Christine de Curraize. « J’avais conscience d’avoir franchi la limite éthique mais pas pénale », estime le gendarme, qui dit que son épouse « en jouait beaucoup », car elle « connaissait (son) fantasme ».
Le prévenu, placé sous contrôle judiciaire et qui comparaissait libre, était poursuivi pour aide au proxénétisme de son épouse, violences conjugales et violation du secret professionnel, pour avoir montré à son épouse des photos issues d’enquêtes judiciaires. Le tribunal l’a relaxé pour les violences, et pour le fait que le prévenu aurait tiré profit de l’infraction de proxénétisme.
Violation du secret professionnel
Quant à l’infraction de violation du secret professionnel, le jeune militaire, lui-même enquêteur, a montré des photos de cadavres de personnes mortes par suicide: « Je voulais répondre à sa curiosité et j’avais besoin de parler de ce qui s’était passé dans ma journée », a-t-il d’abord justifié. « Elle aime les films d’horreur et ne m’a jamais dit qu’elle ne voulait pas les voir. Mais après coup, je n’aurais pas dû… ça pouvait la choquer », a-t-il poursuivi.
Outre la condamnation pour les faits de proxénétisme et de violation du secret professionnel, le tribunal, dans sa décision, a aussi ordonné au prévenu de suivre des soins psychologiques.
Durant l’audience, la mère de la victime, présente dans les bancs du public, a fait un malaise et a dû être évacuée.
Le soutien d’autres gendarmes à leur camarade
Comme souvent, l’affaire semble toutefois plus complexe qu’elle n’en a l’air. Reconnaissant durant l’audience des altercations régulières et des violences verbales des deux parties, le gendarme a nié toute violence physique. Les hématomes, visibles sur des photographies portées au dossier par la plaignante, seraient en fait, selon le militaire, des bleus consécutifs aux cours de pole dance que suivait son épouse.
Par ailleurs, il évoque le comportement « jaloux », « possessif » et « impulsif » de sa femme. Des arguments confirmés par les collègues du gendarme. Eux aussi auditionnés dans le cadre de l’enquête, ils ont mis en cause l’attitude de la plaignante. Selon eux, le gendarme était même harcelé par son épouse, dont les invectives bruyantes résonnaient régulièrement dans la caserne où le couple résidait. Au point qu’en fin d’année, le gendarme lui avait demandé de quitter la caserne. De son côté, la femme a témoigné d’un sentiment d’invisibilisation au sein de la caserne. « On ne me tenait plus la porte. On ne me regardait même plus. Je suis devenue invisible. » Elle ajoutera d’ailleurs avoir été insultée de « sale arabe » lors d’une altercation avec un autre gendarme de Bletterans.
(Avec l’AFP)
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