Un gendarme, appartenant à la brigade d’Hallennes-lez-Haubourdin (Nord), a été condamné à six mois de prison avec sursis par le tribunal de Lille pour avoir donné des armes à un homme qui souhaitait enrichir un musée personnel. Chargé de la récupération des armes vouées à la destruction au sein de sa brigade, il aurait profité de sa fonction pour faire plaisir à une connaissance. Le militaire de 41 ans n’aurait pas reçu d’argent en échange, selon les investigations. En arrêt maladie pour dépression, sa carrière dans la Gendarmerie est clairement compromise et sa condamnation a également été inscrite sur le volet B2 (public) de son casier judiciaire.
Le gendarme a aussi livré un mini arsenal à un passionné de la Grande Guerre
Comme le révèle La Voix du Nord, les faits remontent à février 2023 quand la section de recherches de la gendarmerie de Lille arrête un homme "très attiré par les armes". Le suspect explique aux enquêteur qu’il veut enrichir sa collection personnelle. L’un de ses fournisseurs est identifié. Sur un fusil, le numéro de série permet de remonter à un ancien propriétaire, dont le fils explique avoir déposé l’arme dans la caserne où travaille l’accusé. Le "but : bénéficier de la procédure de se débarrasser de façon transparente d’un objet pas du tout anodin", écrivent nos confrères.
Quelques jours plus tard, le gendarme, chargé de récupérer des armes, y compris de guerre, destinées à la destruction au sein de cette brigade située dans la métropole lilloise, est placé en garde à vue. Les enquêteurs dressent l’inventaire des armes que le militaire aurait offert au collectionneur : pistolet Mauser, deux fusils à poudre noire, un mousqueton Berthier, un revolver calibre 22. Certaines armes étaient en dégradation avancée et d’autres en état de marche. Il lui aurait également donné une veste de la gendarmerie. Un passionné de la Grande Guerre a même reçu de la part du gendarme nordiste "un mini-arsenal, et des munitions, composé d’objets déposés par des particuliers et n’ayant pas été officiellement enregistrés".
Les Français ont bien déposé les armes
Le gendarme n'a pas reçu d'argent en contrepartie
Depuis 2019, ce gendarme de 41 ans s’est occupé de "200 à 300 abandons d’armes", a-t-il déclaré à la barre lors de son procès au tribunal de Lille. Au président Hugues Mory et ses assesseurs, il a reconnu avoir été "naïf", "imprudent" et avoir agi par "amitié". "Pour moi, c’était un collectionneur" qui "envoyait les armes à Saint-Étienne pour les démilitariser", ajoutait-il.
Comme le confirment les investigations, le militaire n’a pas reçu d’argent en contrepartie. Les enquêteurs n'ont rien souligné d'anormal sur ses comptes bancaires. Ils ont juste relevé quelques bouteilles de vin offertes par le collectionneur, considérées comme des cadeaux privés et désintéressés.
En arrêt maladie pour dépression, le militaire, qui compte 18 années de service, ne se fait pas d’illusions sur son avenir au sein de la Gendarmerie nationale. "J’ai commis la pire erreur de ma vie, il confie. Elles peuvent tomber entre de mauvaises mains". L’accusé espérait que son condamnation ne figure pas sur le volet B2 (public) de son casier judiciaire. "Les armes, ça peut tuer. Vue la période aujourd’hui, cette faute est impardonnable", avait de son côté rappelé le procureur Pierre Goupillaud.
Finalement, le tribunal de Lille a condamné le gendarme d’Hallènes-lez-Haubourdin à six mois de prison avec sursis, avec inscription sur le B2.