<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Reconversion : un gendarme à la retraite ouvre une épicerie ambulante

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26 juin 2021 | Vie des personnels

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Reconversion : un gendarme à la retraite ouvre une épicerie ambulante

par | Vie des personnels

Au moment où il bouclait une carrière pour en entamer une autre, Thierry Lehoux ne pouvait pas cacher son sourire. C’était le 1 mai dernier, jour de la fête du travail. Ce gendarme était officiellement à la retraite depuis quelques heures. Retraite militaire du moins.

Car une nouvelle page s’ouvrait pour lui, avec l’ouverture d’une épicerie ambulante. Après plus de 36 ans de gendarmerie, dont presque vingt ans au Centre opérationnel de renseignements de la Gendarmerie (Corg) d’Angers, il s’engageait dans une autre voie. Pour exactement la même raison pour laquelle il avait rejoint l’Arme l’année de ses 18 printemps. "Servir les gens. Je suis devenu gendarme pour ça. Et maintenant, j’ouvre une épicerie ambulante aussi pour rendre service", explique-t-il.

Garder le contact avec la population

Surtout, Thierry Lehoux aime parler aux gens, échanger avec eux. Alors c’est sûr, ces dernières années, plus l’heure de la retraite approchait, plus la nécessité d’une reconversion sonnait comme une évidence. "Sincèrement, je ne me voyais pas seul chez moi, à devoir occuper mes journées. Ma femme est âgée de 10 ans de moins que moi et mes filles sont adolescentes". 

Mais il ne se voyait pas prolonger alors qu’il avait droit à la retraite. "Nerveusement, le CORG, c’est compliqué car il faut toujours prendre la bonne décision, à chaque appel. On ne peut pas se tromper et d’un autre côté, il faut penser, si on le peut, à soulager les brigades qui sont sur le terrain. Plus de 19 ans, à gérer les appels avec cette pression, c’est usant, au quotidien, avec des horaires de nuit le plus souvent. J’avais clairement besoin d’autre chose", détaille-t-il.

La volonté de toujours servir les autres

A 55 ans, une autre vie professionnelle est aussi possible quand on est gendarme à la retraite. Aller à la rencontre des gens était une condition indispensable pour cet amoureux de la vie et du contact humain. Et cela ne lui avait pas échappé que certains territoires, situés non loin de chez lui en Anjou, dans le Segréen, étaient désertés par les épiciers, note-t-il.

Il n’en fallait pas plus à Thierry Lehoux pour se projeter et s’imaginer partir à la rencontre de ces gens dans les campagnes, les lieux-dits et sur les places des villages. Son entreprise s’appellera "Tôpette l’épicier". En patois angevin, Tôpette veut dire "salut". "En rêver, c’est bien beau, mais le faire, c’est autre chose", se souvient-il. D’autant que la Covid-19 et les contraintes sanitaires n’ont fait que contrarier ses projets.

Thierry Lehoux au volant de son épicerie ambulante. (Crédit-photos DR)

Reconversion avec le soutien de la Gendarmerie

Fin novembre 2020, il demande et obtient un congé de reconversion de six mois via l'agence Défense mobilité. "Ce n’est jamais facile de quitter la Gendarmerie pour laquelle on a servi tant d’années. Alors, être soutenu pour monter son projet, ça vous booste ! Ce congé m’a clairement permis de songer à ce projet en toute sérénité. J’ai pu rester gendarme six mois de plus, tout en me concentrant exclusivement sur mon projet"

S’en suivent l’apprentissage de son futur métier, avec des journées en immersion avec d’autres épiciers ambulants, et la mise en œuvre de son projet au niveau administratif.

Il fédère autour de son projet

Business plan, prévisionnel, TVA, marges, charges, statut professionnel… sont des choses qu’il faut dompter "sans se décourager et toujours croire en son projet". Thierry Lehoux a aussi le talent d’avoir su fédérer autour de son projet. Pour l’aider à financer l’achat d’une camionnette, trouvée en Anjou, qui lui servira d’épicerie ambulante, il a lancé une campagne de financement participatif sur la plateforme Ulule.

Grâce à la générosité d’anonymes, d’amis, de membre de la famille, et de gendarmes, tous sensibles à son envie de reconversion, il a pu réunir 2 500 euros en six jours. Puis, il a eu une énorme surprise, quand un matin, en ouvrant sa boîte mail, il apprenait que la Caisse nationale du gendarme (CNG) lui versait une aide pour sa reconversion d’un montant de 2 000 euros ! 

"C’était clairement une surprise. On commençait à me dire que mon projet allait nécessiter beaucoup de frais, avant l’espoir d’engranger le moindre argent. Alors quand j’ai reçu cette aide de la part de la Caisse nationale du gendarme, pour la reconversion et la création d’entreprise, cela m’a remis du cœur à l’ouvrage".

Découverte de la vie civile avec la reconversion

Initialement prévue le 1 juin 2021, la première tournée de sa nouvelle vie professionnelle débutera finalement le 1juillet. "Les méandres administratifs étant bien complexes, et parfois il vaut mieux reculer pour mieux sauter". Des lourdeurs administratives qui tranchent avec son passé de gendarme. 

"C’est sûr que dans la Gendarmerie, quand on pose une question, on a une réponse claire et tout de suite. Souvent, on grogne contre la Gendarmerie car on la trouve trop administrative et hiérarchique, mais quand on regarde ailleurs…" Autre découverte de la vie civile: l’absence de hiérarchie. "On est libre comme l’air mais ça fait drôle. Il faut rester vigilant et bien veiller à s’organiser quand on est désormais son propre patron".

Désormais, en complément de son activité d’épicier ambulant, Thierry Lehoux espère aussi être réserviste au Corg d’Angers et retrouver ses collègues avec qui il n’a toujours pas pu faire son pot de départ à la retraite. En 36 ans de service, il est incapable de tourner totalement la page. Même s’il a connu plusieurs époques de la Gendarmerie. 

"J’ai connu la "Hendarmerie de papa" où les gendarmes étaient les bienvenus et faisaient partie des notables au même titre que le maire et le maître d’école. Aujourd’hui, ce n’est plus la même Gendarmerie car la société n’est plus la même. Je tire mon chapeau aux jeunes gendarmes qui démarrent maintenant. La Gendarmerie s’est modernisée, mais ce n’est plus la même époque. Dans le temps, on avait du contact avec les gens, on avait plus le temps d’aller voir les gens. C’est moins le cas aujourd’hui".

F.S.

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