Les militaires de la Gendarmerie plus souvent sanctionnés et punis que les policiers !

Photo : “Toute punition revêt de la méchanceté" (Jeremy Bentham). Illustration : adobe stock

15 janvier 2023 | Vie des personnels

Temps de lecture : 3 minutes

Les militaires de la Gendarmerie plus souvent sanctionnés et punis que les policiers !

par | Vie des personnels

Dans un dossier à paraitre dans le prochain numéro de L'Essor, Pierre-Marie Giraud rappelle les chiffres officiels our l'année 2021 :

– Le tableau des sanctions disciplinaires de 2021, publié dans le rapport 2021 de l’Inspection générale de la Gendarmerie nationale montre que le nombre de sanctions cette année-là (2.807) a connu une augmentation de 23 % par rapport à 2020. En fait, 2021 retrouve le même niveau qu’avant la crise sanitaire, celui de l’année 2018 (2. 768). Ces 2.807 sanctions prononcées en 2021 concernent d’abord la manière de servir (602), les infractions au règlement (561), les fautes de comportement (281) et l’état d’ivresse (213). En bas de liste, on relève les stupéfiants (12), le travail illégal, les désertions (3) ou les dettes (2). Quant aux sanctions, toujours pour l’année 2021, elles relèvent dans leur quasi totalité (2. 757) dans le 1er groupe, contre 13 pour le 2e groupe et 37 pour le 3e groupe.

Il relève que l'ancien directeur général de l'Arme Richard Lizurey avait proposé une nouvelle approche en matière de sanctions, en distinguant fautes et erreurs professionnelles. Désormais, les erreurs commises dans l’exercice de fonctions plus complexes devront avoir une réponse différente "qui vise la pédagogie et l’apprentissage plutôt qu’une répression systématique". Ainsi, les manquements relevant d’une erreur professionnelle mériteront-ils un "traitement à la sanction disciplinaire de manière à ne pas démobiliser les militaires de bonne volonté et à tirer des enseignements des erreurs professionnelles".

Conclusion : "Le nombre des sanctions disciplinaires en Gendarmerie a baissé, de 2009 à 2021, de 3.569 à 2.807. Dans la Police, sur la même période, il est descendu de 3.109 à 2.162. Les 100.000 gendarmes ont donc été davantage punis que les 140.000 policiers".

( Le dossier complet dans le numéro 574 de L'Essor, à paraitre le 1er février 2023)

“Enlevons nos galons et allons nous battre dans le garage… ”

Ce dossier comporte aussi le témoignage d'un sous-officier amené à porter plainte contre son commandant d’unité, à la suite d'une punition.

«Le 14 janvier 2021, j’ai été agressé physiquement par mon commandant d’unité. Suite à un reproche futile sur ma manière de servir, j’ai fait remarquer à mon lieutenant qu’il était loin d’être lui-même exemplaire n’ayant pas respecté le confinement imposé lors du Covid, allant passer sa permission dans sa maison de campagne située à 400 km. Mon lieutenant s’est alors jeté sur moi, m’a saisi par le col de mon polo, en me demandant si je voulais me battre. Je l’ai repoussé, mais il est revenu à la charge en me proposant d’enlever nos galons et d’aller nous battre dans le garage. Un camarade nous a séparé. Comme toute l’unité avait assisté à l’agression, mon lieutenant m’a menacé de me retrouver, sans témoin pour me mettre une raclée. J’ai rendu compte immédiatement des faits à ma hiérarchie. Très choqué, j’ai fait l’objet d’un arrêt de travail d’une semaine. Ma hiérarchie a demandé à l’ensemble des protagonistes de rédiger un compte rendu. Après en avoir pris connaissance, nos chefs ont décidé de nous sanctionner tous les deux, considérant que j’avais été le déclencheur des violences que j’avais subies en tenant tête à mon commandant d’unité. De victime, je suis devenu co-auteur, on m’a infligé
10 jours d’arrêt avec sursis et j’ai fait l’objet d’une mutation d’office dans l’intérêt du service. Il m’a été demandé de faire des choix d’affectation. Aucun de mes 14 choix n’a été respecté et je me suis retrouvé muté dans une unité et dans un groupement que je n’avais pas sollicité. Trente ans de service, jamais puni, une notation flatteuse,
j’ai été traité comme un moins que rien par mes chefs. Tout ça m’a profondément meurtri et plongé dans une grave dépression. J’ai passé deux mois dans le service psychiatrique d’un hôpital militaire. Aujourd’hui, je suis placé en congé de longue durée médical et j’ai du quitter mon logement concédé par nécessité absolue de service. Ma famille a subi cette situation de plein fouet et notre revenu a été impacté puisque désormais nous devons payer un loyer et que ma solde est amputée de la totalité des primes. Je considère toujours aujourd’hui avoir fait l’objet d’une sanction injuste et disproportionnée».

 

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