C’est une situation “complexe”, comme le résument dans une litote des officiers ou d’anciens hauts gradés. Des gendarmes ou anciens gendarmes s’interrogent vivement sur l’influence d’une conseillère du directeur général Christian Rodriguez. Les détracteurs de la magistrate Aline Emptaz, en poste depuis novembre 2020, prêtent en effet à cette ancienne vice-procureure de Paris, un rôle qui dépasserait le cadre de ses attributions.
Une affirmation bien difficile à vérifier et qui pourrait simplement relever d'une jalousie due à des interventions peu appréciées d’une civile dans la sphère militaire ou d’un machisme de mauvais goût. Interrogée lundi sur ces questionnements sur le rôle de la conseillère juridique, la direction de la Gendarmerie n’a fait “aucun commentaire”. Pourtant, “cela grince énormément des dents en interne, c’est le sujet de la rentrée”, précise un fin connaisseur de la Gendarmerie.
Ambiance pesante
Selon une autre source, un “grand ancien”, la situation serait même "catastrophique et préoccupante”. Et de décrire une ambiance devenue pesante dans les couloirs des patrons de la Gendarmerie. “On n’a jamais vu cela”, affirme ce très bon connaisseur des rouages de la direction générale.
“Le poste de conseiller justice a toujours existé, mais jamais avec un rôle aussi important”, poursuit-il, estimant que la conseillère est devenue “de fait, la directrice adjointe”. Soit la numéro 2 officieuse de l’Arme, un poste sur le papier dévolu au major-général, le numéro trois étant le directeur des opérations et de l’emploi. Selon les détracteurs de la magistrate, elle aurait par exemple eu son mot à dire sur des nominations.
Surprises du mercato
Cette rumeur sur la supposée influence de la conseillère du directeur général a d’ailleurs été nourrie par plusieurs surprises du mercato de cet été. La plus commentée a été le mouvement à la tête de la direction des opérations et de l’emploi, avec l’arrivée du général Olivier Kim. Ce dernier était pourtant au départ pressenti pour prendre la région Bretagne, un poste finalement attribué… à Hubert Bonneau, l’ancien directeur des opérations et de l’emploi, qui rétrograde donc dans la hiérarchie officieuse des gendarmes.
Mais d’autres nominations sont également citées en exemple, signe du mécontentement d’une partie des troupes. Plus largement, alors que les cadres supérieurs de la Gendarmerie sont parfois avares en confidence sur la tambouille interne de l’Arme, il est plutôt étonnant de les voir ainsi s’épancher, donnant des airs de crise interne à l’affaire. “Il y a de l’eau dans le gaz entre le chef et certains de ses grands subordonnés, il y a certainement des choses qui ne tournent pas rond”, résume un second “grand ancien”.
Olivier Kim pressenti pour la direction des opérations et de l’emploi
Le directeur général fragilisé
En effet, quel que soit le degré de véracité de ces bruits de couloirs, ces interrogations fragilisent aujourd’hui le directeur général Christian Rodriguez. Ce dernier vient tout juste de remanier son cabinet cet été, avec les arrivées de Bertrand Collot comme chef de cabinet, en mai dernier, et d’Eric Delain comme directeur de cabinet. Le patron de l’Arme se voit pourtant bien continuer jusqu’en 2024 et les Jeux olympiques. Soit un mandat de cinq ans pas vu depuis vingt ans avec le préfet Bernard Prévost. Ainsi, les deux derniers directeurs généraux n'ont été aux manettes que pendant trois ans.
Mais ce quinquennat est-il vraiment à sa portée? Et quel héritage laissera-t-il derrière lui? “Je me demande si tout cela ne va faire perdre le poste de directeur général à un gendarme pour le remplacer par un préfet”, craint l’une de nos sources. Et de s’inquiéter déjà d’une succession, jusqu’ici préemptée par des gendarmes depuis 2004, en passe de devenir difficile.
GT et PMG.