Le 20 mai 2017, Jérôme Laronze, éleveur bovin à Trivy (Saône-et-Loire), en conflit depuis plusieurs années avec les services d’inspection sanitaire, est tué lors d’une intervention de la Gendarmerie. Il était recherché depuis neuf jours, après avoir foncé une première fois en tracteur sur les forces de l’ordre lors d’un contrôle de son exploitation auquel les gendarmes assistaient.
Selon les informations parvenues à L’Essor à l’époque, l’homme tentait de fuir les gendarmes qui cherchaient à l’interpeller. Il avait alors foncé dans leur direction avec son véhicule. L’un des militaires avait sorti son arme et ouvert le feu, tout en se dégageant de la route du fuyard, atterrissant dans un accotement. Des armes, dont une mitraillette chargée, avaient par ailleurs été découvertes à bord du véhicule.Touché par trois balles, l’agriculteur de 37 ans succombe à ses blessures quelques minutes plus tard.
La Défenseure des droits Claire Hédon a rendu il y a un mois une décision, longue de 15 pages, consultable sur le site de cette autorité administrative indépendante. Elle vient de saisir le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau pour qu’il « engage une procédure disciplinaire » contre le gendarme, auteur de cinq tirs. Elle appuie sa décision sur le fait que le militaire n’aurait pas « respecté le principe d’absolue nécessité et de proportionnalité ». De fait, ses tirs ont atteint le côté et l’arrière du véhicule. « Le danger », selon la Défenseure des droits, n’était donc plus « actuel et imminent » au moment des tirs.
Claire Hédon demande également au ministre de l’Intérieur d’engager une procédure disciplinaire contre trois autres gendarmes, arrivés sur les lieux avant les secours, pour ne pas avoir porté secours à la victime.
Une instruction engagée depuis plus de sept ans
Enfin, déplore la Défenseure des droits, « aucune enquête administrative (NDLR: en l’espèce menée par l’Inspection générale de la gendarmerie nationale, IGGN) n’a été diligentée par la hiérarchie
des gendarmes » pour examiner d’éventuels manquements déontologiques. Une absence, « contraire au devoir de contrôle hiérarchique« . A cet égard, Claire Hédon cite dans sa décision un courrier de l’IGGN, daté du 22 septembre 2022. Ce service de la Gendarmerie, dirigé par un magistrat depuis août 2023, avait alors donné l’explication suivante: « En raison de l’ouverture immédiate d’une enquête judiciaire, et afin de ne pas multiplier les parties prenantes dans le cadre de cette affaire, il a été décidé de ne pas initier d’enquête administrative ».
Le gendarme, mis en examen depuis septembre 2017 pour « violence avec arme ayant entraîné la mort sans intention de la donner« , plaide la légitime défense. Un collectif de soutien ainsi que la famille de l’éleveur réclament toujours un procès. Celle-ci s’est estimée « confortée » dans son exigence.
PMG
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