Un mémorial dédié aux "chiens héros civils et militaires" a été officiellement inauguré jeudi 20 octobre 2022 à Suippes, dans la Marne. Une ville devenue un haut lieu de la cynotechnie militaire en France.
Imaginé depuis plusieurs années, le projet a finalement été lancé par la Société centrale canine en 2018, à l’occasion du Centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale. Quatre ans plus tard, après une mise en pause pendant la période de la pandémie de Covid-19, il vient officiellement d’aboutir avec l’installation de l’imposante stèle sur la place de l’hôtel de ville de Suippes. Financé en grande partie par la Centrale canine à hauteur de 150.000 euros, ce mémorial a aussi bénéficié de l'appui de l'armée de Terre et de la commune de Suippes.
La Centrale canine remet depuis cinq ans un "Trophée des chiens héros". En 2019, une équipe cynophile de la Gendarmerie du Gers avait reçu ce trophée, saluant les nombreux sauvetages de personnes disparues rendus possibles grâce au flair d'un chien Saint-Hubert. Mais l'association reconnue d'utilité publique ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Après l’inauguration de cette stèle-mémorial, la Centrale canine souhaite désormais s'appuyer sur le mémorial pour mettre en place, chaque année, une “Fête du Chien”. Et ce, dès 2023. Les occasions de saluer le travail des chiens et de leurs maîtres vont donc se reproduire.
Une sculpture qui symbolise l'union du maitre et du chien
La sculpture, œuvre de l’artiste franco-colombien Milthon, représente un poilu de la Grande guerre et un chien. Le poilu, “en posture ramassée, fusil dressé, et son chien, en position d’alerte”, sont “serrés l’un contre l’autre sous la pèlerine du soldat pour ne pas faillir face à l’adversité environnante” précise l’artiste. L'œuvre évoque ainsi le symbole puissant de l’union entre l’homme –en l'occurrence, un soldat– et son chien. Mesurant 1 mètre de haut pour environ 1,2m de large, ce bronze baptisé “Frères d’armes” pèse près de 150kg.
L'artiste franco-colombien Milthon, lors de l'inauguration du mémorial dédié aux chiens héros civils et militaires, le 20 octobre 2022, à Suippes (Marne). (Photo: L.Picard / L'Essor)
Le choix de Suippes pour implanter ce mémorial
Parmi plusieurs autres lieux en France, le choix de la commune de Suippes s’est fait presque naturellement. Située dans une région fortement marquée par les deux conflits mondiaux, elle abrite d’ailleurs le Centre d’interprétation Marne 14-18, ainsi qu’une nécropole nationale où reposent plus de 9.000 soldats français. Mais c’est aussi pour une autre référence marquante que cette ville a été choisie. Le 132e Régiment d’infanterie cynotechnique (RIC) y est en effet stationné. Cette unité de l’Armée de Terre “aux 1.200 têtes” (650 militaires et 550 chiens) est le plus grand chenil d’Europe. Chargé de fournir un appui cynotechnique, en opérations extérieures comme intérieures, le 132e RIC gère également la formation et l'achat des chiens des trois armées (Terre, Air et Espace et Marine), ainsi que pour différents ministères et administrations de l'Etat.
Une délégation du 132e régiment d'infanterie cynotechnique (RIC) de Suippes était présente, avec sa garde au drapeau. (Photo: L.Picard / L'Essor)
Un passage au 132e RIC pour rendre hommage aux chiens des armées
La journée s’est poursuivie au 132e Régiment d’infanterie cynotechnique, implanté à quelques kilomètres du centre-ville de Suippes où a été inauguré le mémorial, à proximité du camp militaire de Mourmelon, parmi les plus importants de France.
Plusieurs démonstrations de l’expertise des équipes cynotechniques et de combat avec chien ont rythmé la visite des installations du régiment.
Un soldat du 132e régiment d'infanterie cynotechniques réalise un exercice de tir avec chien. (Photo: L.Picard / L'Essor)
Aujourd’hui encore, les armées et la Gendarmerie entretiennent d’étroites relations. Des gendarmes se rendent d’ailleurs régulièrement au 132e Régiment d’infanterie cynotechnique de Suippes. Pour des raisons pratiques tout d’abord puisque les services vétérinaires des armées, qui soutiennent et suivent la santé des chiens militaires de la région, y sont implantés. Mais aussi pour des échanges professionnels autour de l’univers cynotechnique. Également considéré comme un “laboratoire cynotechnique”, le Régiment mène ainsi régulièrement des expérimentations techniques et tactiques sur l’emploi du chien au combat.
Et comme un hommage à ce lien qui l'unit à la Gendarmerie, un des sites d'entraînement “ring de dressage”, porte le nom du gendarme Desclous, décédé lors d’une démonstration cynotechnique le 11 juin 2005, alors qu’il était affecté au Centre national d’instruction cynophile de la Gendarmerie (CNICG) de Gramat.
LP