Deux gendarmes de l'Isère ont été condamnés mardi 14 novembre par le tribunal correctionnel de Grenoble à de la prison avec sursis, dans le cadre d'un accident de la route provoqué par l'un de leurs collègues qui avait causé la mort d'un couple de retraités à Bourgoin-Jallieu (Isère) en février 2019. Les deux anciens militaires, qui ont quitté la gendarmerie après l'accident, ont été condamnés pour "non empêchement de commettre un crime ou un délit".
Tous avaient participé à un après-midi alcoolisé, en dehors de leur service et à l'issue duquel le responsable de l'accident avait pris le volant avec 2,54 g d'alcool par litre de sang. Celui-ci avait été condamné pour le double homicide à trois ans de prison dont 18 mois ferme. L'un des gendarmes, qui était passager du véhicule au moment de l'accident, a été condamné mardi par le tribunal correctionnel de Grenoble à 18 mois de prison avec sursis. Son avocate Amélie Laquier avait plaidé "une faute morale" mais réfuté la qualification juridique retenue contre son client.
"N'est-ce pas ce qu'on pourrait attendre de vous, en votre qualité de gendarme?"…
Son collègue, qui avait quitté le groupe à l'issue de l'après-midi et pris la route de son côté, a quant à lui été condamné à 9 mois de prison avec sursis. Le parquet avait demandé la relaxe contre ce gendarme, qui avait rejoint ses collègues plus tard dans l'après-midi, et avait assuré au tribunal n'avoir "pas réalisé" leur état d'ébriété ni s'être "posé la question" de leur capacité de conduire.
"N'est-ce pas ce qu'on pourrait attendre de vous, en votre qualité de gendarme ?", s’était agacée la présidente du tribunal Béatrice Nicollet. "On peut être un excellent gendarme mais on peut faillir en tant qu'homme, et quand on faillit on en répond", a pour sa part asséné Me Hervé Gerbi, avocat des enfants du couple.
A l’annonce de la condamnation du gendarme, son avocat Me Ronald Gallo, a déploréune sanction "pour l'exemple" et "incohérente". "Jusqu'où faut-il remonter dans la chaîne de responsabilité lorsque des individus s'alcoolisent ?", s'est-il interrogé, en annonçant son intention de faire appel.
"C'est l'aboutissement du combat d'une famille", s'est félicité de son côté Me Hervé Gerbi, avocat des enfants du couple de retraités, qui se sont portés parties civiles. "Au-delà du drame de cette famille, c'est une décision importante dans la lutte contre les violences routières: on ne peut plus laisser une personne alcoolisée prendre le volant sans devenir soi-même redevable pénalement", traduit l'avocat.