Pour les gendarmes, la perte d'un des leurs, quelles qu'en soient les conditions, est toujours un moment extrêmement douloureux. Mais cette fois plus encore. Outre le fait que cet officier de gendarmerie soit largement connu, reconnu et apprécié, notamment au sein de la Mobile, son frère est également officier supérieur de l'Arme. Il vient de publier un hommage poignant en sa mémoire.
"Bernard est parti." : c'est ainsi que le colonel Vincent Rouchouse, actuellement commandant en second de la gendarmerie de Guyane, entame ce texte d'hommage à son frère, publié jeudi 24 août sur le réseau social professionnel LinkedIn. Bernard, c'est Bernard Rouchouse, également colonel au sein de la Gendarmerie. Il s'est éteint "tragiquement" en mettant fin à ses jours le 21 août 2023, à l'âge de 59 ans. Selon son frère, un "tourment le rongeait depuis une année".
Hommages à un spécialiste, après une vie d'engagement
Formé au sein de l'Ecole militaire interarmes (EMIA) de Saint-Cyr Coëtquidan au début des années 1990, il avait commencé sa carrière militaire d'officier au sein de l'armée de Terre en servant au sein des Troupes de montagne, tout d'abord en tant que chef de groupe dans l’infanterie alpine à Briançon. Il avait ensuite été chef de section et commandant de compagnie d’infanterie blindée au sein des groupes de chasseurs en Allemagne, puis chef de brigade au sein du Centre national d'entrainement commando (CNEC) à Mont-Louis. Alors capitaine, il choisit de rejoindre la Gendarmerie, où, après sa formation à l'Ecole des officiers de la Gendarmerie nationale (EOGN) en 2000, il a enchainé différents postes et commandements après sa première affectation en tant que commandant de l’escadron de gendarmerie mobile de Gap. Après un passage en gendarmerie départementale, à la tête de la compagnie de gendarmerie départementale d'Albertville, il avait gagné Strasbourg pour diriger le groupement de gendarmerie mobile (GGM).
Promu au grade de colonel en décembre 2017, alors qu'il était à la tête du GGM II/7 de Strasbourg, Bernard Rouchouse avait ensuite rejoint un poste à fort rayonnement. En août 2019, il devenait ainsi chef du département rétablissement de l'ordre du Centre national d'entrainement des forces de gendarmerie (CNEFG) à Saint-Astier. "En deux affectations à la division maintien de l'ordre (MO), puis à la tête du département rétablissement de l’ordre du CNEFG, il a façonné la plupart des escadrons de gendarmerie mobile de France" relate son frère dans son hommage.
Le spécialiste du maintien et du rétablissement de l'ordre, bien que sa parole soit rare comme le souligne son frère, avait parfois partagé son expertise, comme dans ce dossier dédié à "la gendarmerie mobile d'hier et de demain" publié par Gendinfo en 2021. Et la reconnaissance qui l'entourait dépassait aussi le cadre des frontières nationales puisque, à plusieurs reprises, il avait été envoyé à l'étranger pour participer à des opérations ou bien à des missions de formation, comme par exemple au Mali, entre 2015 et 2016.
Dernièrement, il venait de rejoindre la région de gendarmerie de Bretagne, après avoir servi au groupe des chargés de missions de la région de gendarmerie d'Ile-de-France.
Cagnotte solidaire
Suite à cette publication et à l'annonce du décès de Bernard Rouchouse, de très nombreux messages (plus de 250 au moment où nous publions) de soutien et d'hommage ont été laissés en commentaires. Preuve qu'il faisait l'unanimité, ils émanent tant du haut de l'échelle – avec par les mots de très hauts gradés comme le numéro 2 de l'Arme, le major général André Petillot, ou encore le général Olivier Kim, actuel directeur des opérations et de l'emploi – que de la base, avec les témoignages de nombreux gendarmes, officiers et sous-officiers qui ont croisé sa route ou servi sous ses ordres.
D'après les informations portées à la connaissance de L'Essor, il s'agirait du quinzième suicide au sein de la Gendarmerie depuis le début de l'année 2023.
Une cagnotte solidaire a été mise en place auprès de la Fondation "Maison de la Gendarmerie" pour venir en aide à sa famille, notamment à son épouse et ses trois grands enfants de 29, 26 et 23 ans. Elle est accessible sur ce lien.
L'Essor de la Gendarmerie transmet ses sincères condoléances à la famille, aux proches et aux camarades de Bernard Rouchouse, et les assure de son entier soutien dans cette terrible épreuve.
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