La réforme du diplôme d’arme n’est pas passée inaperçue de ces figures de la gendarmerie mobile. Deux généraux en deuxième section, Hervé Massiot et Bertrand Cavallier, viennent de s’interroger publiquement sur le réseau social professionnel LinkedIn sur les conséquences de la dernière réforme du diplôme d’arme.
Pour rappel, le diplôme d’arme est un brevet de technicien supérieur de la sécurité publique qui reconnaît des compétences importantes dans le champ de l’intervention. Jusqu’ici, cette formation dense de 14 mois était réservée aux gendarmes mobiles. Pour les moblots qui souhaitent progresser en grade, c’est un passage obligé.
Cette formation est désormais ouverte aux gendarmes départementaux spécialisés, une conséquence du plan de professionnalisation des pelotons de surveillance et d’intervention demandée à la suite du drame de Saint-Just. Une manière de tirer vers le haut la départementale, selon les mots d’Hervé Massiot. Le nouveau diplôme d’arme permet également désormais d’obtenir la qualification de moniteur en intervention professionnelle.
Le diplôme d’arme accessible à davantage de militaires de la Gendarmerie
Une compression des temps de formation?
“A vouloir tout réunir, on risque de comprimer les temps de formation et donc de perdre en qualité”, remarque également Hervé Massiot, l’ancien chef de la division formation de Saint-Astier (CNEFG), le centre de formation au maintien de l’ordre de l’Arme. Le haut gradé s’interroge ainsi sur le nouveau temps de formation consacré au diplôme d’arme, à comparer avec les temps jusqu’ici dédiés au diplôme d’arme et à la qualification de moniteur en intervention professionnelle.
“Pour faire des gradés de gendarmerie départementale plus performants, on risque de faire des gradés de gendarmerie mobile moins performants”, avertit-il. “Les temps de formation doivent être suffisamment longs pour porter leurs fruits, ajoute-t-il. Une fois de plus ce qui fait la qualité de notre formation, c'est le discours unique élaboré et transmis au CNEFG. Disperser et déléguer une partie de la formation aux régions fera perdre en qualité.”
Une inquiétude partagée par Bertrand Cavallier, également en deuxième section. “Sous le triple effet du mélange des disciplines, de la contraction des délais de formation et du volume de stagiaires, une baisse de niveau est à craindre, écrit-il. Par ailleurs, quid du rythme de recyclage des escadrons qui participe de la fiabilité reconnue de la gendarmerie mobile dans un domaine majeur pour préserver la cohésion sociale?”
Et de remarquer enfin que “c'est dès l'école de formation initiale que l'on doit former les officiers et les sous-officiers au combat, lequel doit redevenir le creuset premier. Le débat, si utile à la prise de décision, est donc ouvert.”
Un point positif: la reconnaissance de Saint-Astier
Une réforme qui, si elle suscite des craintes, est tout de même une manière “de reconnaître l'excellence du Centre de Saint Astier”, relève Hervé Massiot. Le nouveau diplôme d’arme acte en effet “la qualité de la formation dispensée pour les futurs gradés de la gendarmerie mobile depuis plusieurs années au Centre national d'entraînement des forces de gendarmerie dans les domaines du commandement au combat, au maintien de l’ordre et en intervention professionnelle”.
Et de conclure: “En associant à la formation du diplôme d'arme celle du moniteur en intervention professionnelle, on s'assure que le futur gradé de gendarmerie mobile ou des unités particulières de la gendarmerie départementale sera un très bon pédagogue s'agissant des domaines de la maîtrise avec et sans arme de l'adversaire ainsi que celui des techniques d'intervention individuelles et collectives.” Encore faut-il donc y mettre les moyens.