Ils auraient mis en péril leur carrière de gendarme "pour quelques centaines d’euros". "Une dizaine" de gendarmes de Dordogne sont visés par une enquête pour "escroquerie aggravée", a dit mardi à l’AFP le parquet de Périgueux, confirmant une information du quotidien Sud-Ouest. Les militaires sont soupçonnés d'avoir gonflé artificiellement leurs frais de déménagement afin d’être remboursés d’une somme plus importante que celle due par la Gendarmerie.
Des faits dénoncés par d'autres gendarmes
Les faits dont ils sont soupçonnés ont eu lieu en mai 2021, lors du déménagement des brigades de Thiviers et de La Coquille vers une nouvelle caserne à Thiviers. Celle-ci avait d’ailleurs été inaugurée en novembre de la même année par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, accompagné du directeur général de la Gendarmerie, le général d’armée Christian Rodriguez.
Mais quelques mois plus tard, d’autres gendarmes du groupement de la Dordogne dénonçaient à leur hiérarchie la proposition d’un déménageur. Celui -ci leur avait proposé "une pratique illégale pour gonfler les frais de déménagement" de leur logement, a expliqué la gendarmerie à l'AFP.
Le parquet de Périgueux a alors ouvert une enquête, confiée à la section de recherches de Bordeaux. Les enquêteurs ont alors découvert que des gendarmes de Thiviers, tous sous-officiers, "jeunes, ou plus âgés", avaient eu recours à un tel procédé, même si, selon la procureure de la République Solène Belaouar, "tous n'ont pas eu le même degré d'implication". "L'enquête permettra de déterminer les responsabilités de chacun et qui a eu l'initiative de ce mode opératoire", souligne-t-elle.
Le préjudice pour la Gendarmerie est estimé à "quelques centaines d'euros" par gendarme mis en cause, soit un total de "quelques milliers d'euros", a précisé la magistrate. Entendus en audition libre, les gendarmes ont reconnu pour certains les faits, d'autres les ont niés, selon la Gendarmerie.
De possibles conséquences pénales, disciplinaires et administratives
La procureure de la République doit désormais statuer sur les suites à donner à la procédure, qui peuvent aller jusqu'aux poursuites devant le tribunal correctionnel. Parallèlement à ce volet pénal, d'autres procédures sont en cours. Sur le plan disciplinaire, le procureur général de la cour d'appel de Bordeaux, Pierre-Yves Couilleau, doit statuer sur les suspensions ou retraits éventuels des habilitations OPJ (officier de police judiciaire) des mis en cause. La Gendarmerie mène par ailleurs une enquête administrative en vue de possibles sanctions et mutations d'offices.
(Avec AFP)
Cinq des 13 gendarmes mis en cause dans cette affaire de fraude au déménagement ont été jugés le mercredi 31 aout 2022 au tribunal correctionnel de Périgueux. Si l'employée de la société de déménagement reconnaît une erreur, les trois gendarmes présents à l'audience estiment qu'ils n'ont rien fait d'illégal. Le jugement a été mis en délibéré au 30 septembre prochain.