Après des décennies de sous-investissement chronique, le budget 2025 de la Gendarmerie nationale semble enfin apporter une bouffée d’oxygène à son parc immobilier vieillissant.
Selon le projet de loi de finances du gouvernement, « l’immobilier du ministère a été crédité de 515 millions d’euros supplémentaires, dont 123 millions d’euros pour la Gendarmerie », explique-t-on au ministère de l’Intérieur. Un rattrapage bienvenu mais toujours en deçà du nécessaire puisque le sous-investissement dans l’immobilier de la Gendarmerie représente chaque année 300 millions.
Faute de DGGN, le major général signe les documents budgétaires
« Le budget 2025 marque un début de remontée progressive des enveloppes allouées à l’immobilier domanial », se félicite néanmoins le major général de la Gendarmerie, le général de corps d’armée André Petillot.
En l’absence de directeur général depuis le départ du général Christian Rodriguez fin septembre, c’est en effet le numéro 2 de l’Arme qui en défend le budget, en tant que responsable du programme Gendarmerie nationale.
Concrètement, les autorisations d’engagement pour l’immobilier s’élèvent à 1,164 milliard d’euros, tandis que les crédits de paiement atteignent 854,5 millions d’euros. Pour rappel, les autorisations d’engagement représentent la limite supérieure des dépenses pouvant être engagées dans l’année, mais courant sur les années suivantes, tandis que les crédits de paiement correspondent uniquement aux dépenses pouvant être payées durant l’année en cours.
« La dotation 2025 permet de relancer l’investissement immobilier »
S’agissant des dépenses d’investissement immobilier, le budget 2025 prévoit une enveloppe de 295,2 millions d’euros en autorisations d’engagement et 175,5 millions d’euros en crédits de paiement.
Comme l’explique le général Petillot, « la dotation 2025 permet de relancer l’investissement immobilier de la Gendarmerie, tant sur des grands projets de construction de locaux de services et techniques et de logements, notamment au profit des nouveaux escadrons créés dans le cadre de la Loi d’orientation et de programmation du ministère de l’Intérieur, que sur des opérations indispensables de réhabilitations d’ampleur d’emprises domaniales ».
Quoiqu’insuffisante, cette augmentation sera bienvenue. Comme nous l’écrivions dans nos colonnes en juillet dernier, un rapport du sénateur Bruno Belin avait mis en lumière une « dette grise » estimée à au moins 2,2 milliards d’euros. Un chiffre en deçà de la réalité. Il ne prenait en effet en compte que les dix dernières années de sous-investissement dans l’entretien des bâtiments.
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La Gendarmerie règlera ses loyers en décembre
Cette embellie budgétaire intervient dans un contexte tendu. En effet, la Gendarmerie a dû reporter le paiement des loyers de septembre, octobre et novembre en raison de difficultés financières. Le montant total des loyers impayés s’élevait à 200 millions d’euros. Pour Beauvau, les dépenses liées aux Jeux olympiques et à l’important déploiement de gendarmes en Nouvelle-Calédonie sont responsables de cette situation.
Le ministère de l’Intérieur assure ce vendredi que la Gendarmerie payera ses dettes en 2024. En effet, « la fin de gestion permettra, en décembre, de payer les loyers de septembre, octobre et novembre ». De même source, on ajoute que ce problème ne devrait pas se reproduire en 2025 grâce à l’augmentation du budget.
Les loyers représentent, pour 2025, 781,8 millions d’euros en autorisation d’engagement et 628,2 millions d’euros en crédit de paiement. « L’écart entre les AE et les CP s’explique par la gestion pluriannuelle des AE », note le général Petilot. « En effet, la Gendarmerie nationale a une gestion dynamique des baux du fait des mutations (substitution de logement selon les charges de famille), des renforts d’unité, des livraisons de nouvelles casernes et des évolutions organisationnelles ».
Matthieu Guyot
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