Après 41 ans de carrière, dont les cinq dernières années en tant que directeur général de la Gendarmerie nationale (DGGN), le général d’armée Christian Rodriguez, 60 ans, a fait son adieu aux armes lundi 23 septembre 2024, lors d’une cérémonie aux Invalides, présidée par le ministre des Armées Sébastien Lecornu et son nouvel homologue de l’Intérieur, Bruno Retailleau.
C’était un adieu aux armes pluvieux et solennel. Lundi 23 septembre 2024, dans la cour d’honneur de l’Hôtel national des Invalides, le général d’armée Christian Rodriguez a salué, pour la dernière fois en tant que directeur général en exercice, le drapeau de la Gendarmerie et ses personnels.
Des troupes, représentant l’ensemble des composantes de l’Institution étaient rassemblées face aux autorités : écoles des officiers et de sous-officiers, Garde républicaine, gendarmerie départementale, gendarmerie mobile, réservistes opérationnels, gendarmes de montagne, GIGN, centre d’instruction cynophile, forces aériennes, prévôts, motocyclistes, sans oublier les gendarmeries spécialisées (maritime, air, armement, transports aériens et sûreté des armements nucléaires) et le corps de soutien.
L’hommage à la carrière du général Rodriguez
La cérémonie était également le premier déplacement officiel du nouveau ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, après sa passation de pouvoirs officielle avec son prédécesseur Gérald Darmanin, plus tôt dans la journée. À la tête du ministère de rattachement des gendarmes depuis 2009, c’est donc le nouvel occupant de la Place Beauvau qui a pris la parole après avoir participé à la remise de décorations à une dizaine de gendarmes, en compagnie de Sébastien Lecornu et du général Rodriguez.
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Si ce n’est un lapsus du “premier flic de France”, qualifiant le général Rodriguez de “directeur général … de la Police” – ce qui n’a pas manqué de faire discrètement réagir dans les rangs et parmi les invités –, le discours de Bruno Retailleau a fidèlement retracé le parcours “exemplaire et exceptionnel” de Christian Rodriguez, rendant un vigoureux hommage à son engagement. S’appuyant sur la devise “Répondre présent, pour la population, par le gendarme”, lancée par le DGGN tel “un cap” dans le cadre de son projet « Gend 20-24 », le ministre a souligné que les “trois promesses” de l’Institution consacrée au service de la Nation “s’incarn(ai)ent dans l’engagement” de Christian Rodriguez, le qualifiant d’“officier exceptionnel”.
Entre crises et fêtes, cinq années d’engagements multiples
Pandémie de Covid-19, catastrophes climatiques, attaques terroristes, traque de forcenés, mouvements sociaux violents, mais aussi événements sportifs et culturels internationaux à l’image de la coupe du monde de rugby en 2023 ou encore des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024… Ces cinq dernières années n’ont pas manqué de grands événements, tragiques comme festifs. Et toujours, sous la direction du général Rodriguez, la Gendarmerie a su “répondre présent”.
En parallèle de ces nombreux engagements opérationnels, la stratégie de développement de l’Arme “Aller vers”, portée par son directeur général, a placé en tête des priorités la proximité et le contact, tant avec la population qu’avec les élus. La modernisation a aussi été à l’ordre de cette demie décennie, notamment dans le domaine du cyber, en constante évolution, et où l’impulsion permanente de la Gendarmerie a été saluée.
Réaffirmant son message de fermeté lancé le matin même à l’égard de ceux qui s’en prennent aux forces de l’ordre, M. Retailleau a profité de l’occasion pour exprimer “une pensée émue et reconnaissante pour tous les gendarmes tombés dans l’exercice de leur mission durant toutes ces années”.
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Un engagement familial
“Pour vous, comme pour beaucoup d’autres, la Gendarmerie est un engagement familial” a souligné le ministre, rappelant que Christian Rodriguez était fils et frère de gendarme. “Vous avez honoré votre serment de servir et de protéger prêté il y a 41 ans. Et aujourd’hui, c’est bien toute la Nation qui, par ma voix, vous exprime son profond respect et son immense reconnaissance”, a conclu Bruno Retailleau.
Le général d’armée Christian Rodriguez faisait ce lundi, aux Invalides, son adieu aux armes, après presque cinq années à la tête de la #Gendarmerie nationale. C’était également le premier déplacement officiel du nouveau ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau. pic.twitter.com/2AeqBTlXG9
— L’Essor de la Gendarmerie (@Essor_Gie) September 23, 2024
Outre les rangées d’officiels, parmi lesquels un grand nombre d’officiers supérieurs et de généraux de l’Arme, ainsi que le chef d’état-major des armées, on a pu apercevoir parmi les invités l’ancien directeur général Richard Lizurey, dont Christian Rodriguez avait été le major général avant de lui succéder, le fondateur du GIGN Christian Prouteau ou encore l’ancien premier ministre Jean Castex.
L’émotion de l’au revoir
Avant de partir par la grande porte, le général Rodriguez a salué une dernière fois le drapeau de la Gendarmerie nationale, non sans une émotion palpable. Celle-ci s’est exprimée plus visiblement lorsqu’il a délicatement apposé sa main sur le drapeau et marqué un temps d’arrêt de quelques secondes sans qu’il soit possible de savoir s’il s’agissait là d’une forme de reconnaissance pour ces 41 années d’engagement et cette carrière “qui se termine, comme l’a souligné le ministre, sur une réussite”, ou bien de voeux et d’encouragements pour la suite. Sans doute un peu des deux.
Il aura fallu attendre que la cérémonie se termine pour que quelques rayons de soleil inondent enfin la cour d’honneur des Invalides et réchauffent les uniformes détrempés. Sans doute une façon de saluer le désormais ex-DGGN avant son départ vers de nouveaux horizons.
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