Cette gendarme se fait appeler Stéphanie mais c’est un prénom d’emprunt. Dans les colonnes de Ouest France, elle raconte son quotidien de gendarme et femme transgenre. Avec un écusson sur chaque épaule, l’un de la Gendarmerie nationale et l’autre de référent égalité diversité (RED), cette militaire transgenre de Saint-Lô (Manche), qui est aussi bénévole à l’association LGBT+ locale, est engagée dans la lutte contre la transphobie et les discriminations. Elle est gendarme depuis 20 ans et intervient, aujourd'hui auprès de ses collègues militaires pour évoquer son parcours et les sensibiliser contre les LGBT-phobies. Selon nos confrères, elle formera, dès la rentrée, les futurs référents sur les questions de genre.
En mai 2023, cette militaire de 42 ans avait participé à la première conférence dédiée aux LGBT-phobies, organisée par la direction générale de la Gendarmerie nationale (DGGN). Cette native de Carentan-les-Marais (Manche) avait raconté son parcours, et notamment cette "transition fulgurante".
"J'étais un homme malheureux"
Le "point de bascule" de sa vie, c’était en janvier 2021, après un grave accident de la route survenu dans le cadre de ses fonctions. Elle ne pouvait plus être gendarme motocycliste et a dû changer de service. Il lui a fallu surmonter le choc post-traumatique de l’accident, mais aussi quitter le "placard" dans lequel elle était enfermée depuis des années afin de débuter le processus de transition de genre. Pour elle, c’était une question de survie. "On grandit tous avec des stéréotypes et des préjugés. Je faisais partie de ces personnes pour qui les trans étaient des prostituées au Bois de Boulogne. J’étais un homme malheureux", rappelle celle qui prend désormais en charge les appels du 17.
Gendarmes et homosexuels, ils racontent
Avec le soutien de la Gendarmerie nationale
Droit à l’oubli, nouvelle identité professionnelle, changement de tenue : elle indique avoir reçu le soutien de la Gendarmerie quand elle est devenue Stéphanie. "Je pensais que j’allais perdre mon travail… Je me faisais une montagne du regard des autres. S’il n’y avait pas eu le dispositif d’accompagnement à la Gendarmerie, j’aurais mis un terme à ma carrière".
Quand elle n’est pas dans la caserne, Stéphanie poursuit son engagement de gendarme au sein de l’association LGBT+ de Saint-Lô. Elle peut ainsi témoigner des compétences des gendarmes en termes de formation et d’accueil d’une personne transgenre. "J’ai la chance de connaître les deux côtés. Dans la communauté LGBT+, on échange beaucoup et on sait très vite lorsque telle gendarmerie n’a pas bien reçu quelqu’un. Il y a tout un travail à faire. 50 % de l’audition va dépendre de l’accueil, dès les premières minutes. Aujourd’hui, je peux expliquer que les gendarmes sont formés, que je suis là pour les sensibiliser, et que la prise en charge évolue dans le bon sens".
La gendarme souhaite à présent ouvrir une permanence à l’antenne LGBT+ de Saint-Lô. Même si elle n’a pas l’ambition de devenir un symbole pour l’Institution, évoquer publiquement sa transidentité et la mission des référents égalité diversité de la Gendarmerie dans les médias, lui tient à coeur. Elle avoue, enfin, que d’autres parcours l’ont inspirée, à l’image de celui de Marie Cau, première femme transgenre élue maire en France, ou bien de la journaliste Béatrice Benaes.