Dans l’histoire du sport français, leurs exploits traversent les générations sans prendre une ride. Ce privilège rare est réservé aux icônes et aux médaillés olympiques. "On mesure la trace qu’on a laissée dès qu’on nous parle de nos médailles ou lors des sollicitations médiatiques. Les jeux Olympiques, c’est le summum", explique l’ancien nageur Hugues Duboscq.
Même constat du côté d’Alain Bernard. Des enfants, qui n’étaient même pas nés au moment de son épopée en Chine, se rappellent constamment à son bon souvenir. "Parfois, j’ai l’impression que je parle de quelqu’un d’autre que moi ", rigole le premier Français champion olympique du 100 m nage libre, en 2008 à Pékin. "La force des JO est de donner une visibilité tous les quatre ans. La puissance de nos victoires olympiques traverse le temps. C’est gravé dans la mémoire collective".
Une empreinte indélébile
Lors de leurs exploits dans les bassins, les anciens nageurs, qui cumulent, à eux deux, sept médailles olympiques, étaient également soutenus par la Gendarmerie. Hugues Duboscq, qui se cherchait encore professionnellement à l’époque, se souvient de la chape de plomb qui s’est levée une fois qu’il a signé son contrat de sportif de haut niveau avec la Gendarmerie.
"Intégrer la Gendarmerie en 2007 m’a totalement libéré. Psychologiquement, le jour où j’ai signé, je n’étais plus un étudiant, mais un gendarme. Je connaissais ma reconversion. Je pouvais me consacrer à ma carrière, car je bénéficiais d’un soutien financier et moral".
La force des JO est de donner une visibilité tous les quatre ans. La puissance de nos victoires olympiques traverse le temps. C’est gravé dans la mémoire collective.
Alain Bernard, champion olympique 2008 à Pékin.
Alain Bernard, devenu gendarme adjoint volontaire en 2008, se souvient avoir attendu "dix ans pour en arriver là". "La natation est un sport amateur. Bénéficier de ce soutien, à l’époque, permettait d’aborder la suite de notre carrière sportive sans se demander comment on va payer notre loyer. Bien évidemment, les ressources financières entrent en compte pour construire une carrière sportive sereinement".
Mais avaient-ils, en tant que sportifs connus du grand public, réellement leur place dans une institution comme la Gendarmerie? Alain Bernard en est convaincu. "Je voyais beaucoup de points communs entre les gendarmes et le sport de haut niveau : l’engagement, le dépassement de soi, ou encore la responsabilité de représenter la France qui nous interdisait de baisser les bras".
Hugues Duboscq toujours gendarme aujourd'hui
Cette carrière de sportif de haut niveau au sein de la Gendarmerie ne s’est donc pas résumée à une question d’image. Même s’il a finalement fait le choix de mettre sa notoriété au service de la natation, Alain Bernard avait initialement l’ambition de faire carrière dans l’Arme. "Je voulais être pilote d’hélicoptère. J’avais même réussi le concours de l’école de sous-officiers. Juste avant l’arrêt de ma carrière, j’ai finalement décidé de ne pas m’engager".
Alain Bernard est aujourd’hui coach sportif, consultant et adjoint à la Mairie d’Antibes. Il intervient également dans le cadre de la prévention des noyades chez les enfants. A l’inverse, Hugues Duboscq a conforté cet engagement et embrassé une carrière, plus anonyme, en tant que plongeur de bord au peloton de sûreté maritime et portuaire du Havre. Il est juste passé de l’eau chlorée à l’eau salée.
F.S.