Un sou d’or, frappé sous Charlemagne, et une mappemonde, dessinée vers 1660, ont rejoint mardi soir les collections de la Bibliothèque nationale de France (BNF). Ces deux pièces rarissimes ont été remis officiellement à la BNF par Sébastien Tiran, patron de la Direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières (DNRED), le bras armé des Douanes. Les douaniers participent en effet activement à la lutte contre le trafic des biens culturels. Cette mission menée en collaboration avec le ministère de la Culture et l’Office central contre le trafic des biens culturels (OCBC).
La seule pièce en or frappée alors en France
La monnaie carolingienne, frappée à Uzès (Gard) entre 768 et 814, dite « Solidus« , était alors la seule pièce en or fabriquée sur le sol français. Jusqu’à présent, quatre exemplaires seulement du Solidus étaient répertoriés dans le monde, dont un à la BNF. Cette monnaie, de la taille d’une pièce de 20 centimes d’euros, sera conservée dans le département des Monnaies, médailles et antiques, l’une des plus riches collections au monde.
Détecteur de métaux
En 2018, un numismate parisien prévient la BNF après avoir reçu, d’un Lyonnais, une proposition de vente de ce sou carolingien. Problème : le détenteur ne posséde pas un document de détention. D’autant que quelques mois plus tard, le ministère de la Culture reçoit une demande de certificat de bien culturel. Refus du ministère en raison de l’origine douteuse de l’objet,. Une expertise confirme son statut de bien culturel protégé. La pièce est ensuite proposée à la vente à Lyon 20.000 euros. L’enquête révèle que le détenteur est un détectoriste amateur qui ne déclare pas ses trouvailles. Lyon, ancienne Lugdunum, recèle encore dans son sous-sol, particulièrement sur la colline de Fourvière, de nombreux vestiges de l’époque romaine. Finalement, cet homme se verra condamner à une amende de quelques centaines d’euros et à la confiscation de la monnaie par la cour d’appel de Lyon en avril 2024.
Mappemonde en couleurs
850 ans séparent cette monnaie carolingienne de la mappemonde, réalisée vers 1660 également remise mardi soir à la BNF. Ce planisphère en couleurs de 2,87 X 1,20 m, reste la deuxième carte murale du monde publiée en France, après celle de Guillaume Postel en 1581. On ne connait ni son dessinateur ni son graveur. Elle mettait alors les plus récentes découvertes géographiques de l’époque dans l’hémisphère sud. Cette carte est également rarissime. En dehors de celle-ci, quatre exemplaires ont été recensés, dont trois se trouvent à l’étranger. La mappemonde intègrera le département des cartes et des plans, riche de 800.000 cartes et plans.
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La DNRED avait intercepté en 2007 cette carte, qui porte le nom de « Nouuelle (sic) et exacte description géographique et hydrographique de la terre« . Le planisphère s’apprêtait à quitter la France , sans autorisation du ministère de la Culture, pour être cédée dans une vente publique en Allemagne au profit d’une galerie parisienne.
En 2024, les Douanes ont saisi 22.125 biens culturels, lors de 60 opérations. Des objets comme des oeuvres de l’Antiquité gréco-romaine, des tableaux, peintures, dessins et autres monnaies, statues ou incunables. La DNRED fait partie du premier cercle du renseignement français avec la DGSE, la DGSI, la DRM, la DRSD et Tracfin.
PMG