Quatre jeunes hommes appartenant à l'ultradroite, dont un ancien gendarme adjoint volontaire (GAV), comparaitront en juin 2023 devant la cour d'assises spéciale à Paris pour avoir envisagé, cinq ans auparavant, d'attaquer les communautés juive et musulmane.
Alexandre Gilet, 28 ans, a servi comme GAV dans la gendarmerie de l'Air pendant deux ans avant que la Gendarmerie ne casse son contrat en septembre 2018. Placé en détention provisoire quatre mois plus tard, il est considéré par les magistrats instructeurs comme l'élément moteur de cette affaire révélée par l'hebdomadaire Politis.
Un groupe néonazi fondé par un mineur de 17 ans
Comme l'un des mis en cause avait 17 ans au moment des faits, quatre des cinq protagonistes appartenant à la mouvance néonazie, seront jugés par la cour d'assises des mineurs spéciale à Paris du 19 au 30 juin. Le cinquième mise en cause, âgé de 14 ans au moment des faits, sera jugé par le tribunal pour enfants de Paris, statuant en matière criminelle. Les deux procès criminels de ces hommes, aujourd'hui âgés de 19 à 28 ans, constituent une première pour l'ultradroite.
Selon l'ordonnance de mise en accusation signée il y a un an, les cinq protagonistes "adhéraient aux idées véhiculées par l'extrême droite néonazie" et avaient participé à un forum de discussion privé nommé "projet WaffenKraft" ("puissance des armes"), créé par l'un des cinq, un mineur de 17 ans. D'après les juges, son objectif était "clairement, au-delà des échanges sur l'idéologie, de préparer des actions qui avaient très rapidement dérivé vers l'élaboration de projets terroristes sous l'impulsion d'Alexandre Gilet, le plus radical et le plus motivé" du groupe dont il "avait pris le leadership", proposant des attaques contre des personnalités ou des communautés.
Au domicile du GAV: un arsenal légalement détenu
L'enquête démarre par l'interpellation, en septembre 2018, de ce gendarme adjoint volontaire, alors âgé de 22 ans et affecté successivement dans deux brigades iséroises de la gendarmerie de l'Air, après un signalement sur sa commande de produits entrant dans la composition d'explosifs. L'enquête révèle rapidement qu'Alexandre Gilet possède à son domicile des armes "régulièrement détenues" : deux fusils d'assaut kalachnikov avec 21 chargeurs de 7,62 , un pistolet semi-automatique Glock 17 et cinq chargeurs de 9 mm, un millier de cartouches de 7,62 mm et une grenade démilitarisée. Ils découvrent également un laboratoire et des produits précurseurs d'explosif TATP. Cet explosif, très instable et très meurtrier, peut être confectionné avec des produits ménagers en vente libre. "De nombreuses photographies et vidéos d'entraînement avec ses explosifs artisanaux et ses armes étaient mises en évidence, notamment avec plusieurs personnes en forêt en juillet 2018", notent les magistrats instructeurs. Les quatre autres participants à cette séance de tir seront interpellés entre octobre 2018 et mai 2019, dont un collégien.
Fusillades ou actions au camion-bélier
Ouverte sur des faits de droits commun à Grenoble, l'information judiciaire est récupérée par des magistrats antiterroristes parisiens après la découverte de plusieurs éléments troublants. D'abord, "un manifeste de passage à l'acte terroriste, détaillant notamment des fusillades ou des actions au camion-bélier, rédigé par Alexandre Gilet à la manière des tueurs de masse de l'ultra-droite", et "de recherches sur ce qui s'apparentait à des cibles" : mosquées, institutions juives ou quartiers à fortes communautés étrangères.
Neuf attaques attribuées à l'ultradroite ont été déjouées depuis 2017, selon le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin. Une dizaine de procédures en lien avec l'ultradroite ont été ouvertes ces dernières années au pôle antiterroriste de Paris.
PMG (avec AFP)
Après le drame de la préfecture de police, la traque des personnels radicalisés