À 39 ans, Sébastien Lecornu vient de se voir confier la mission de constituer un nouveau gouvernement par le chef de l’Etat. Une nomination, publiée au Journal officiel, qui fait suite à la démission de François Bayrou, après l’échec du vote de confiance qu’il avait sollicité à l’Assemblée.
Bien qu’il soit peu connu du grand public, Sébastien Lecornu n’est pas un ovni de la politique pour autant. Et pour cause. C’est sans doute actuellement l’un des ministres en place depuis le plus longtemps, systématiquement présent dans les gouvernements successifs depuis 2017. Réputé proche d’Emmanuel Macron, il occupait dernièrement le poste de ministre des Armées. Une fonction à laquelle il avait été nommé en 2022, au sein du gouvernement d’Elisabeth Borne. Un poste conservé depuis, malgré trois changements de Premier ministre, avec Gabriel Attal, Michel Barnier et François Bayrou.
En se voyant confier cette responsabilité, Sébastien Lecornu devient ainsi le troisième plus jeune Premier ministre de la Ve République. Le « record » reste détenu par Gabriel Attal, nommé Premier ministre quelques mois avant lui, à seulement 34 ans, en 2024. Bien plus tôt, Laurent Fabius avait hérité de ce poste en 1984, à l’âge de 37 ans.
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Colonel Lecornu
C’est aussi la première fois qu’un Premier ministre détient également un engagement militaire. Outre le fait de rester (jusqu’à ce qu’il nomme son successeur) ministre des Armées démissionnaire –une double casquette là encore inédite–, Sébastien Lecornu est aussi officier de réserve de la Gendarmerie. Plus spécifiquement de la réserve opérationnelle de spécialistes.
Plus jeune, il avait hésité à s’engager dans l’armée d’active. Une envie qu’il traduira finalement d’une autre manière, en devenant réserviste. Son parcours dans l’Arme a débuté par un engagement à servir comme réserviste opérationnel dans l’Eure. En 2011, le réserviste Lecornu, déjà engagé en politique, est nommé dans la réserve opérationnelle. Il intègre ainsi le corps des officiers de gendarmerie, avec le grade de sous-lieutenant de réserve. Un an plus tard, il est promu au grade de lieutenant le 1er décembre 2012. Une promotion qui entre dans le cadre de l’avancement classique des officiers de réserve. Il sert alors sous les ordres de Samuel Dubuis, à cette époque colonel et patron des gendarmes de l’Eure.
Douze ans plus tard, alors qu’il faisait partie des prétendants au poste de directeur général de la Gendarmerie, Samuel Dubuis, devenu général de corps d’armée, avait été nommé à la surprise générale Inspecteur général des armées – Gendarmerie (IGAG), à compter du 1er décembre 2024. Auprès, donc, du ministre des Armées Lecornu. Il devenait par la même occasion le deuxième officier général de plus gradé de l’Arme. Juste derrière le DGGN, lui aussi général d’armée (cinq étoiles). Son décret de nomination prévoit par ailleurs que le général Dubuis quittera son poste d’IGAG le 8 avril 2028, avec un passage anticipé dans la deuxième section.
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Un allié pour les réserves
Face à ses engagements politiques et ses postes à haut niveau de responsabilités, Sébastien Lecornu ne pouvait plus servir au sein de la réserve opérationnelle territoriale, bien qu’il soit très attaché à l’Institution. Aussi, après avoir rompu son engagement, il a discrètement obtenu un nouvel engagement en qualité de réserviste opérationnel, mais cette fois « spécialiste ». Rattaché directement au directeur général de l’Arme.
Lors de sa nomination en tant que ministre des Armées, en mai 2022, L’Essor avait reçu la confirmation que Sébastien Lecornu était toujours engagé au sein de la Gendarmerie nationale, en tant que réserviste opérationnel spécialiste. Son grade était alors celui de lieutenant-colonel. Le nombre de spécialistes reste faible au regard du nombre de réservistes opérationnels engagés au sein de l’Arme. Au 1er septembre 2024, la Gendarmerie comptait ainsi 210 réservistes opérationnels spécialistes.
Une chose est sûre. Tant que M. Lecornu restera en poste, l’objectif fixé par le président de la République d’atteindre les 52.000 réservistes militaires pour les Armées d’ici 2027, 50.000 réservistes pour la Gendarmerie et 30.000 réservistes d’ici 2030 pour la Police nationale aura ainsi un allié de poids au sein du gouvernement.
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