Un ancien gendarme d'une antenne du GIGN, soupçonné d’avoir tué par balle un homme de 22 ans lors d’une opération en 2018, à Fouquières-lez-Lens, est renvoyé devant la cour d’assises du Pas-de-Calais, à Saint-Omer. Cette décision a été rendue par la juge d’instruction de Béthune, au terme d’une enquête qui a duré près de quatre ans. Depuis les faits, le suspect n’a pas quitté l’Institution, mais il occupe désormais un poste administratif.
Le gendarme encourt jusqu'à 20 ans de réclusion criminelle
Selon La Voix du Nord, le gendarme, âgé de 42 ans, sera jugé pour "avoir commis des violences ayant entraîné la mort d’Henri Lenfant, sans intention de la donner, avec cette circonstance que les faits ont été commis par un dépositaire de l’autorité publique dans l’exercice de ses fonctions". Le gendarme, mis en examen, encourt jusqu’à 20 ans de réclusion criminelle. La date de son procès n’a pas encore été définie. Il dispose d’un délai pour faire appel.
Le suspect placé sous contrôle judiciaire depuis quatre ans
Les faits se sont déroulés dans la nuit du 28 septembre 2018, à Fouquières-lez-Lens (Pas-de-Calais). Dans le cadre d’une opération qui vise des membres de la communauté des gens du voyage, installés dans un camp de caravanes et soupçonnés d’avoir commis des vols de fret et des cambriolages, la brigade d’Arras sollicite le renfort du GIGN. Vers 3h30, les militaires de l'antenne-GIGN de Reims, en position de surveillance, aperçoivent trois suspects dans un véhicule stationné dans un terrain vague, à la limite de Billy-Montigny. En voyant les gendarmes, le trio se sépare. L’un des trois hommes, Henri Lenfant, tente de fuir au volant de la voiture. Selon le scénario établi ensuite par les enquêteurs de l’Inspection générale de la Gendarmerie nationale (IGGN), la victime aurait mis la clé dans le contact et enclenché la marche arrière "au moment où un gendarme pénètre dans le véhicule, sur le siège arrière, côté conducteur. Le militaire sort son arme de service et tire à bout portant. Le jeune de 22 ans – qui n’était pas armé – est tué sur le coup", rapportent nos confrères. L’autopsie relèvera qu’il a reçu une balle dans la nuque.
Le gendarme reclassé à un poste administratif par sa hiérarchie
À l’annonce de ce décès, des tensions et des incidents avaient éclaté durant deux jours avec les forces de l’ordre sur les lieux du drame. Le suspect, un sous-officier de l'antenne-GIGN de Reims doté, selon nos confrères, "d’une solide expérience", a tout de suite avoué être l’auteur du coup de feu, lors de sa garde à vue. Depuis quatre ans, il est placé sous contrôle judiciaire. Dès les faits, il a été reclassé, par sa hiérarchie, à un poste administratif dans la Gendarmerie. Il a également, depuis septembre 2018, interdiction de quitter son département.
Le gendarme encourt jusqu’à 20 ans de réclusion criminelle. En France, il est très rare de voir comparaître devant une cours d’assises, un membre des forces de l’ordre, après avoir provoqué le décès d’une personne dans l’exercice de ses fonctions. Il y a an, en Guadeloupe, un gendarme avait été condamné à cinq ans de prison après avoir tiré sept fois sur un homme en fuite.