Ce courrier, signé le 13 octobre du chef d'état-major des armées le général d'armée Thierry Burkhard, rappelle à ces six généraux (deux de division et quatre de brigade) de 2e section qu'en signant cette lettre et en la commentant dans les médias, "ils ont gravement manqué au devoir de réserve qui (leur) incombe et porté atteinte à l'image des armées". Pour autant, le général Burkhard ne fait pas état de sanction. Il demande aux intéressés de "se conformer désormais strictement aux obligations que leur impose leur état d'officier général en 2e section" et que si ce cadre leur 'apparaissait trop contraignant" de "demander (leur) radiation de la 2e section".
Visiblement, ce courrier du patron des quelque 196.000 militaires des trois armées, vise à calmer le jeu après avoir muri pendant trois mois au ministère des armées. Le Conseil supérieur de forces armées, siégeant disciplinairement le 19 juillet, devait se prononcer sur les responsabilités de ces six généraux en retraite. En l'absence des intéressés, qui avaient décidé de ne pas se rendre devant cette instance et qui étaient représentés par leurs avocats.
85.000 signatures de soutien
Un dossier provisoirement refermé sur cette affaire qui avait suscité des réactions indignées d'une grande partie de la classe politique. Tout avait commencé le 14 avril. Ce jour-là, le site Place d'arme publiait une "Lettre ouverte des militaires au Président, au gouvernement et aux parlementaires", rédigée par un ancien capitaine de Gendarmerie Jean-Pierre Fabre-Bernadac, également responsable du site.
Cette lettre de deux pages –signée en fin de compte par 27.000 militaires à la retraite, dont 61 généraux en deuxième section et plus d'une centaine de gendarmes– dénonçait le "laxisme" en train de se répandre "inexorablement dans la société". Elle assurait que "si rien n'est entrepris", cela risquait de provoquer "l'intervention de nos camarades d'active dans une mission périlleuse de protection de nos valeurs civilisationnelles".
Une semaine plus tard, le 21 avril (jour anniversaire du putsch d'Alger du 21 avril 1961), l'hebdomadaire Valeurs Actuelles publiait ce texte, dès lors baptisé "Tribune des généraux" par la presse. Le même site Place d'arme a ensuite recueilli quelque 85.000 signatures de soutien au texte signé par les militaires à la retraite.
Pierre-Marie GIRAUD