<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Opération inédite de saisie de drogue en Manche (ACTUALISÉ)

Photo : Plus de 2 tonnes de cocaïne ont été découvertes, fin décembre 2024, dans un conteneur sur le port du Havre, lors d'une enquête de SR Rouen. (Photo d'illustration Gendarmerie)

8 avril 2025 | Société

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Opération inédite de saisie de drogue en Manche (ACTUALISÉ)

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C'est une première en matière de drogue en France: 800 kilos de cocaïne ont été saisis dans la Manche en flagrant délit de drop-off.

Les chiffres parlent d’eux-même : 630 kg de drogue interceptés en Manche, une opération policière préparée depuis 18 mois,  22 marins philippins interpellés sur un cargo et huit autres personnes, dont trois marins-pêcheurs normands, arrêtés, et neuf personnes en détention provisoire. Retour sur cette saisie en flagrant délit relatée par le procureur de la République de Rennes.

Technique du drop-off

Dans la nuit du jeudi 3 au vendredi, une opération de police judiciaire est déclenchée dans le Calvados et la Seine-Maritime sous l’autorité d’une juge d’instruction de la Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Rennes. Elle vise à interpeller en flagrant délit les auteurs d’une importation de cocaïne par drop-off, détaille Frédéric Teillet. Cette méthode consiste à larguer des ballots de drogue en haute mer depuis des des cargos. Les trafiquants récupèrent ensuite les colis sur les plages. Ils peuvent également les transférer sur des bateaux plus discrets, puis les introduire sur le territoire national. Un mode opératoire « caractéristique des groupes criminels organisés les plus aguerris », selon le magistrat. C’est celui qui a été choisi par les trafiquants de cocaïne au large de la Normandie.

37 millions d’euros à la revente

L’opération a mobilisé une centaine de policiers, de gendarmes et de douaniers. Ils ont saisi 630 kg de cocaïne, poids définitif après déballage de la drogue, pour une valeur estimée de 37 millions d’euros à la revente.

Les ballots de cocaïne ont d’abord voyagé sur le cargo Omicron Eagle, battant pavillon libérien, parti de Paranagua (dans le sud du Brésil), l’un des principaux ports d’Amérique du Sud. Le navire devait rejoindre Amsterdam.

Alors qu’il arrivait au large de l’Europe, a précisé Frédéric Teillet, des écoutes téléphoniques mettaient en évidence les préparatifs de récupération de la drogue par des marins-pêcheurs d’Ouistreham (Calvados). Ces derniers, à bord d’un chalutier, ont alors récupéré dans un premier temp les ballots, munis de flotteurs et de GPS. Les colis avaient été jetés à l’eau à plusieurs milles nautiques à l’ouest des îles de Guernesey et Jersey. Avant d’arriver à Ouistreham, les marins ont ensuite chargé la cocaïne à bord d’un bateau plus rapide qui a pris le cap de Tancarville (Seine-Maritime).

Deux marins-pêcheurs impliqués sont frères

Les autorités ont alors déclenché l’opération, préparée depuis 18 mois. Les autorités françaises ont détourné le cargo vers Dunkerque. Dans le même temps, les enquêteurs ont interpellé les marins-pêcheurs d’Ouistreham, deux de leurs conjointes, et l’équipage de la vedette à Tancarville, où ils ont saisi la cocaïne. Neuf personnes au total ont été placées en détention provisoire. Il s’agit d’un Belge d’origine albanaise, de trois marins philippins, de trois marins-pêcheurs français et de deux « intermédiaires » havrais. Deux compagnes de marins-pêcheurs placées sous contrôle judiciaire. Deux des marins-pêcheurs sont frères, a précisé Guillaume Mauger, directeur interdépartemental de la police nationale du Calvados.

Avertissement aux marins-pêcheurs

L’affaire est « historique« , a souligné Frédéric Teillet, car c’est la première fois interception d’une livraison de drogue réalisée par drop-off.  « On sait que le mode de drop-off existe mais jamais nous n’avons pu prendre une équipe sur le vif, en crime flagrant », a-t-il expliqué. Ces arrestations doivent rappeler aux marins-pêcheurs, cédant aux sirènes du trafic de drogue, qu' »il n’y a pas d’impunité » et que « la justice sera impitoyable ».

Selon le procureur, l’enjeu, pour la justice, est de « tarir en moyens » les trafiquants « qui ont besoin d’intermédiaires« . Ils « ne connaissent pas le milieu de la mer : tout le monde n’est pas capable de prendre la mer et d’aller au large des îles anglo-normandes pour s’approcher d’un cargo qui fait route et récupérer des ballots » de cocaïne.

« Le monde de la mer doit entendre aujourd’hui clairement que s’ils participent au trafic de stupéfiants, ils subiront les mêmes conséquences de peine, financières et d’incarcération que les vrais trafiquants de
stupéfiants. Ce qu’ils sont d’ailleurs« , a conclut le procureur

Lire aussi: Tsunami blanc sur la France en 2024, selon le bilan des Douanes

(NOUVELLE ACTUALISATION avec le nombre total de suspects écroués) 

(Avec l’AFP) 

La question du mois

Bruno Retailleau, pour lutter contre la violence et les narcotrafics en Guadeloupe, a confirmé l’installation de « deux escadrons de gendarmerie mobile, sans enlever le peloton de la garde républicaine », mais aussi de « deux brigades nautiques », une de gendarmerie et une de police respectivement en Basse-Terre à Gourbeyre et à Pointe-à-Pitre. Pensez-vous que cela sera une réponse satisfaisante ?

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