Une certaine nuit d’août du début des années 1970, qui s’annonçait pourtant des plus sereines, allait sonner le glas d’une bande d’insoupçonnables gamins qui sévissait depuis une quinzaine d’années à Carantec, une station balnéaire de renom de la côte nord du Finistère, sise dans la baie de Morlaix.
Un groupe des plus discrets, en effet, dont les actions laissaient à penser qu’il s’agissait de faits fortuits et d’opportunité, de personnes isolées, sans doute de passage… La suite, pleine de surprises, allait prouver le contraire, et révéler un inimaginable pot aux roses. Le banal contrôle d’un jeune cyclomotoriste, qui roulait sans feu rouge sur le chemin de terre surplombant la plage mythique de la station, en provoqua le déclic.
Des enfants de chœur au-dessus de tout soupçon
L’adolescent, en panique manifeste, tenait des propos qui avaient aiguisé l’intérêt et la curiosité des jeunes gendarmes de la brigade temporaire de la station. L’infraction n’en valait pourtant pas tant, et elle se serait sans doute soldée par un avertissement, les militaires ayant d’autres motivations en cette seconde partie de nuit de week-end propice à bien des dérèglements.
Apeuré et comme pour se dédouaner, le jeune homme confiait faire ou avoir fait partie des enfants de chœur de l’église paroissiale. Lorsqu’il continua la confession, il s’avérait que ces galopins au-dessus de tout soupçon ne manquaient pas d’imagination. Prétendument animés de bonnes intentions, ils s’occupaient à récurer des peaux de lapins pour en tirer ensuite profit, les jeudis et autres jours sans école, pour financer leurs activités. Une occupation parfaitement légitime, tout à fait respectable, de nature à rassurer les parents et autres amis de la paroisse.
La bande sévit pendant une quinzaine d'années
En vérité, ces travaux putrides et peu rémunérateurs devenant rapidement pénibles, il leur paraissait plus facile de subtiliser une partie des quêtes du dimanche et autres cérémonies religieuses dont ils assuraient la charge à l’église. Sagaces, ils en prélevaient juste assez pour ne pas attirer la méfiance du prêtre, qui s’étonnait pourtant, à la longue, de la générosité défaillante de paroissiens aisés, qui l’avaient habitué à davantage de largesses.
Durant la saison estivale, la bande riche d’idées se diversifiait. Les plus grands surveillaient le plan d’eau, officiellement en lien avec les sauveteurs en mer qui croisaient dans la baie, plus au large. Encore une fallacieuse tromperie qui abusait tous les acteurs. Lorsqu’il voyait un ou une plagiste isolé(e) descendre pour prendre son bain de mer, le guetteur prétendument patenté alertait les compères qui, innocemment répartis, se déplaçaient alors discrètement pour aller récupérer de petites richesses momentanément abandonnées par celles ou ceux qui étaient partis se baigner.
La bande, qui ne manquait pas de ressources créatives malhonnêtes, aurait ainsi sévi pendant une petite quinzaine d’années. Ses chefs et exécutants, tous mineurs juridiquement et pénalement irresponsables, ne manquaient pas d’imagination. Une réalité qui n’interdit pas de penser que d’autres délits auraient sans doute pu leur être imputés à l’époque. Comme le temps passe, ils resteront à tout jamais dans l’ombre.