Trois hommes âgés de 25 à 48 ans ont été condamnés vendredi 9 août 2024 à Nouméa à des peines allant jusqu’à cinq ans d’emprisonnement ferme pour avoir participé de façon « organisée » aux émeutes en Nouvelle-Calédonie, en étant notamment impliqués dans des tirs sur les forces de l’ordre.
Les trois hommes étaient aussi accusés d’avoir eu l’intention de faire sauter un pont surplombant la voie express à Païta, une ville du Grand Nouméa, à l’aide d’engins pyrotechniques.
La substitut du procureur Lucie Delage, qui avait requis de l’emprisonnement ferme pour les trois prévenus, a estimé que « sur ce dossier, il y avait une organisation, une intelligence, un dessein et une entreprise délictuels ». Nathalie Lepape, l’avocate des parties civiles, a pour sa part estimé que le tribunal de Nouméa n’avait jamais eu à examiner des faits d’une « si grande ampleur » depuis le début des événements, soulignant leur « extrême gravité ».
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« Faire peur aux forces de l’ordre »
Le principal suspect, âgé de 37 ans et déjà placé en détention, a reconnu avoir ouvert le feu à plusieurs reprises sur les forces de l’ordre sans faire de blessés, à l’aide d’une arme à feu et d’engins pyrotechniques dérobés à proximité de Païta. « Je ne suis pas un commanditaire, je suis un grand frère », a-t-il assuré à la barre, expliquant « s’être levé » pour « lutter » contre la réforme du corps électoral qui a embrasé l’archipel à partir du 13 mai et en réponse aux décès de jeunes Kanak, dans les premiers jours des émeutes.
« C’était politique, je regrette un peu mais c’est le combat d’un peuple. On ne voulait pas blesser ou tuer quelqu’un », a par ailleurs renchéri le prévenu le plus âgé, à qui il était reproché d’avoir transporté des armes, expliquant que ces actions visaient à faire peur aux forces de l’ordre. Il a été condamné à trois ans d’emprisonnement, dont deux avec sursis. Le dernier, soupçonné d’avoir été impliqué dans le projet de faire sauter le pont, a été condamné à trois ans de prison dont deux avec sursis probatoire. La peine ferme sera exécutée sous bracelet électronique.
« C’est le premier grand procès (depuis le début des émeutes) et l’on veut frapper fort », a enfin regretté à l’audience l’avocat de la défense Stéphane Bonono, disant avoir eu le sentiment d’être « devant une juridiction d’exception ».
La Nouvelle-Calédonie est confrontée depuis le 13 mai à des troubles et des émeutes qui ont fait dix morts, dont deux gendarmes, en réaction à un projet de réforme du corps électoral pour les scrutins provinciaux.
(Avec l’AFP)
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