Macron arrive ce soir en Nouvelle-Calédonie, toujours en ébullition, et visée par une cyberattaque

Photo : Mobilisation des forces de gendarmerie pour rétablir l'ordre en Nouvelle-Calédonie, en mai 2024. (Photo: Gendarmerie)

22 mai 2024 | Société

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Macron arrive ce soir en Nouvelle-Calédonie, toujours en ébullition, et visée par une cyberattaque

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Dans l'archipel, la nuit de mardi 21 à mercredi 22 mai 2024 "a été plus calme que la précédente malgré deux incendies dans l'agglomération de Nouméa", a rapporté le Haut-Commissariat de la République, même si des exactions, des incendies et des barrages perdurent, neuf jours après le début des plus graves violences touchant l'archipel depuis près […]

Dans l'archipel, la nuit de mardi 21 à mercredi 22 mai 2024 "a été plus calme que la précédente malgré deux incendies dans l'agglomération de Nouméa", a rapporté le Haut-Commissariat de la République, même si des exactions, des incendies et des barrages perdurent, neuf jours après le début des plus graves violences touchant l'archipel depuis près de quarante ans. La municipalité de Nouméa a fait état de l'incendie de deux écoles et de 300 véhicules d'un concessionnaire.

Selon les informations de L'Essor, le secteur de Mont Dore-Plum, au sud de Nouméa, fief de la tribu de Saint-Louis où a été tué il y a une semaine le jeune gendarme mobile Nicolas Molinari, est toujours sous le contrôle des indépendantistes. Ces derniers, des adultes et non des jeunes, sont très bien organisés pour durer : chicanes pour contrôler au faciès les automobilistes un par un, PC, liaisons radio et barnums pour s'abriter. On trouve ainsi une vingtaine de chicanes d'étranglement sur 200 mètres avec barrages de carcasses de véhicules calcinés et des détritus. Au-delà, vers le sud et l'usine de nickel de Prony, c'est le désert et un spectacle de désolation ponctué de carcasses de véhicules incendiés.

La brigade de gendarmerie de Plum (composée de sept gendarmes), a envoyé les familles sur Nouméa et s'est barricadée. Les appels à la brigade sont renvoyés sur Nouméa. Les militaires du Régiment d'infanterie de marine du Pacifique (RIMaP) cantonnés à Plum, l'un de ses trois sites sur le Caillou, ne se déplacent qu'en hélicoptère.

Très peu de temps après l'annonce de la visite présidentielle, la Nouvelle-Calédonie a été visée par une cyberattaque "d'une force inédite visant à saturer le réseau calédonien", a annoncé Christopher Gygès, membre du gouvernement collégial calédonien. L'attaque, consistant en l'envoi simultané de millions d'emails, a été stoppée avant qu'il y ait des dégâts importants, a-t-il assuré.

Près de 300 interpellations

Depuis le début des émeutes, six personnes ont été tuées, dont deux gendarmes mobiles. 84 policiers et gendarmes ont été blessés, selon le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, qui accompagne Emmanuel Macron avec ses collègues des Armées et des Outre-mer, Sébastien Lecornu et Marie Guévenoux. Lors d'une conférence de presse, le haut-commissaire de la République Louis Le Franc a évoqué l'évacuation sanitaire vers Paris de trois policiers nationaux d'une brigade anti-criminalité locale, "grièvement blessés à la jambe, à la tête et aux yeux", pris à partie et piégés lors d'une intervention sur le cambriolage d'une armurerie par des émeutiers.

Près de 300 interpellations, dont 269 menant à des gardes à vue, 35 à des déferrements et 17 à des mandats de dépôt, ont été réalisés, a détaillé mercredi le procureur de Nouméa Yves Dupas. Il a d'autre part fait un point de situation sur les procédures en cours concernant sur les derniers homicides.

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Précisions sur les circonstances de la mort du gendarme

Le magistrat a ainsi donné des précisions sur la mort du gendarme mobile Nicolas Molinari, le 15 mai à Plum. Une version différente de celle du ministre de l'Intérieur qui avait dit en substance que le gendarme avait été tué d'une balle au front après avoir enlevé son casque pour pouvoir discuter avec des Anciens. Selon le procureur, Nicolas Molinari a été tué vers 19h40 dans le secteur de la brigade de Plum "dans un véhicule de service, sur le siège conducteur" et "atteint par un projectile dans la tête lors d'une action susceptible d'impliquer plusieurs tireurs ayant visé les gendarmes par une quinzaine de coups de feu". Aucune interpellation n'est encore intervenue dans cette enquête menée par la section de recherches de Nouméa.

Signe de la difficulté du retour au calme, l'aéroport international de la Tontouta restera fermé aux vols commerciaux jusqu'à samedi matin. L'Australie et la Nouvelle-Zélande ont commencé mardi à évacuer leurs ressortissants, piégés par les violences, à bord d'avions militaires.

Les mesures exceptionnelles de l'état d'urgence, imposé depuis le 15 mai pour une durée maximale de 12 jours, sont maintenues: couvre-feu nocturne, interdiction des rassemblements, du transport d'armes, de la vente d'alcool et de l'application TikTok.
PMG (avec l'AFP)

Le lieutenant-colonel (ER) de gendarmerie Henri Calhiol, fin connaisseur de la Nouvelle-Calédonie, livre à L’Essor une analyse rapprochant les troubles actuels de ceux de la période de quasi-guerre civile (1984 à 1988). Il est l’auteur d’une longue étude inédite sur l’attaque meurtrière (quatre gendarmes tués) en avril 1988 de la brigade de Fayaoué, sur l’ile d’Ouvéa. Ces révélations, publiées dans L’Essor ces dernières années, ont amené des rescapés et des familles de gendarmes tués, à engager des recours contre l’Etat-Gendarmerie, toujours pendants devant la juridiction administrative.

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