<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> L’injuste mise en cause du général Hubert Bonneau

Photo : Le général Hubert Bonneau, ancien chef du GIGN, photographié sur les terrains de l’unité d’élite. (Photo: MG/L'Essor)

23 août 2022 | Société

Temps de lecture : 3 minutes

L’injuste mise en cause du général Hubert Bonneau

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13 novembre 2015. Une série de fusillades et d’attaques suicides secouent la capitale. Après Saint-Denis, des terrasses de cafés, les terroristes de Daech s’attaquent à la salle de spectacle du Bataclan. Avec 137 morts et plus de 400 blessés, ce seront les attentats les plus meurtriers commis en France depuis la Seconde Guerre mondiale. Mais […]

13 novembre 2015. Une série de fusillades et d’attaques suicides secouent la capitale. Après Saint-Denis, des terrasses de cafés, les terroristes de Daech s’attaquent à la salle de spectacle du Bataclan. Avec 137 morts et plus de 400 blessés, ce seront les attentats les plus meurtriers commis en France depuis la Seconde Guerre mondiale. Mais les militaires du GIGN ne sont pas intervenus.

Pilule amère

Pour certains des super-gendarmes de l’unité d’intervention, la pilule est trop amère. Ce 13 novembre, ils ont l’impression de n’avoir servi à rien. Alors que tout leur entraînement vise justement à se préparer à de tels événements  ! Leur colère se dirige vers leur chef, directement visé dans un courrier de trois pages transmis au Canard enchaîné, huit mois après les attentats. "Ce soir du 13 novembre, le colonel Bonneau a tout simplement oublié d’être gendarme. Nous avons honte de lui, comme nous avons honte de nous. Nous avons préféré rester avec les chevaux de la Garde républicaine."

En interne, la publication de la lettre passe mal : le linge sale a vocation à être lavé à la maison plutôt que d’être médiatisé au risque d’écorner l’image d’excellence du groupe. Si des recherches poussées seront menées pour tenter de découvrir qui se cache derrière la lettre, les militaires du GIGN n’ont pas été informés des suites de l’enquête. La polémique, violente, n’a pas vraiment été purgée après cette lettre. Trois ans plus tard, la controverse revient en force, toujours à propos de cette maudite année 2015.

Des polémiques sans fondement pour le commandement

Dans un article du Monde, des "opérationnels" mettent en cause la conduite de l’opération du 9 janvier 2015 à Dammartin-en-Goële (Seine-et-Marne), ayant abouti à la mort des deux frères Kouachi, auteurs de la tuerie de Charlie Hebdo. Le quotidien du soir écrit, citant un gendarme : "Une intervention brouillonne, lors de laquelle nombre d’officiers ont failli." Un autre parle d’un "cirque", ajoutant : "On était plusieurs centaines. Tout le GIGN était là, surtout ceux qui n’avaient rien à y faire. Et ceux qui auraient dû gérer ne l’ont pas fait." Face à ces accusations très dures, L’Essor avait rencontré le général Bonneau pour l’interroger sur ces deux attaques. "Ces critiques n’ont pas toujours été faciles à vivre, mais je peux me regarder sans aucun problème dans une glace", expliquait-il à L’Essor en avril 2019. "Si tout ce qui a été dit était vrai, j’aurais été démis de mes fonctions sur-le-champ."

La carrière de cet officier général de 54 ans n’a d’ailleurs pas souffert de ces deux mises en cause. Après quatre ans passés à l’EPIGN et au GIGN – dont trois ans à la tête du groupe, de 2014 à 2017 – il est désormais directeur des opérations et de l’emploi, c’est-à-dire numéro 3 de l’Institution, avec les quatre étoiles de général de corps d’armée. En clair, cette double polémique n’a pas de fondement pour le commandement.

La réponse d’Hubert Bonneau

Mais que répond le général Bonneau à ses détracteurs ? A propos de la lettre anonyme, il dénonce "des gens méprisables, qui avancent masqués". Sur le fond, il rappelle un principe simple : "Le GIGN, ce n’est pas une unité de cow-boys qui, de leur propre initiative, vont mener des opérations où bon leur semble, en s’affranchissant des ordres reçus." Le positionnement de l’unité sera d’ailleurs validé a posteriori par les députés de la très critique commission d’enquête de l’Assemblée sur les attentats. Il est 22h20 quand les quinze policiers de la force d’intervention rapide de la BRI de Paris arrivent au Bataclan. Le GIGN quitte Satory à 22 h 50, soit dix minutes avant le début de la progression de la BRI dans les escaliers. Les hommes du GIGN seront positionnés à la caserne des Célestins pour servir de réserve en cas de nouvelle attaque.

Mutation : 2007, le GIGN se transforme

A propos de Dammartin-en-Goële, le général Bonneau s’inscrit également en faux face aux accusations. "Ça n’a rien à voir avec un cirque. Nous étions en mesure, disposant sur place des hélicos du GIH (Groupe interarmées d’hélicoptères) et de la Gendarmerie, de réorganiser à tout moment notre dispositif en cas de survenance d’un autre attentat. Ce n’était pas non plus une opération spectacle destinée à montrer le Sherpa, le nouveau véhicule d’assaut blindé." Et de conclure, à propos du GIGN : "Fier d’avoir commandé l’unité", elle "compte beaucoup de caractères bien trempés". On ne saurait mieux dire!

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