<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> L’Etat, doté deux forces de sécurité, est doublement protégé

Photo : Manifestation de policiers devant le ministère de la Justice à Paris (Photo : M.Guyot/L'Essor).

19 août 2022 | Dualisme, Société

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L’Etat, doté deux forces de sécurité, est doublement protégé

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Qui protège l’Etat lorsque les policiers ou les gendarmes sont dans la rue ? Eh bien, ce sont des gendarmes quand les policiers manifestent et ce sont des policiers quand les gendarmes protestent. Le politique ne peut donc se contenter d’une seule force de sécurité.

Les deux manifestations de 1983 et 2001

Juin 1983 – Le 31 mai 1983, deux policiers sont tués par un commando d’Action directe, avenue Trudaine, à Paris. Trois jours plus tard, après les obsèques de leurs deux collègues dans la cour de la Préfecture de police, plus d’un millier de policiers en civil prennent la direction du ministère de la Justice en chantant La Marseillaise et en criant  : "Badinter assassin, Badinter démission, CRS avec nous." Arrivés place Vendôme, ils se retrouvent face à un double cordon de gendarmes mobiles en vareuse, sans casque ni matraque, chargés de protéger les lieux, et qui ont "retiré leurs képis" en signe de solidarité avec les policiers. Ces derniers n’iront pas plus loin. Deux plus tard, près de 70 policiers seront sanctionnés et quatre révoqués.

Décembre 2001 – Le 8 décembre 2001, cinq cents gendarmes en uniforme se regroupent porte Maillot. Près de 25.000 gendarmes, au total, ont manifesté les jours précédents dans les régions pour protester contre leurs conditions de travail et la carence en moyens matériels pour remplir leurs missions. C’est un mouvement sans précédent dans l’histoire de l’Arme. A Paris, les gendarmes veulent prendre la direction de l’avenue des Champs-Elysées. Les CRS les empêchent en douceur de s’y rendre. Les gendarmes quittent alors le secteur et repartent, toujours en cortège, vers les Invalides où ils seront reçus par un haut responsable de l’Arme. Le lendemain, ils obtiendront partiellement satisfaction à l’issue de huit heures de négociations à l’Ecole militaire avec le ministre de la Défense Alain Richard, leur ministre de tutelle.

Le dualisme, nécessité d’équilibre démocratique

Le général d’armée (2S) Richard Lizurey, patron des gendarmes de 2016 à 2019, résume la situation en posant une question : "Qui serait le ministre de l’Intérieur s’il n’y avait qu’une seule force ?" Réponse : "En fait, ce serait le patron de cette force", dit-il à L’Essor. Pour l’ancien Directeur général de la Gendarmerie, "c’est aussi une question d’équilibre démocratique : pouvoir et contre-pouvoir". "Le dualisme n’est pas seulement un résultat de l’histoire, c’est aussi une nécessité démocratique qui permet au système d’être équilibré", conclut-il.

Entretien avec Richard Lizurey

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