« La France a tué mon mari » par son « excès de tolérance », a affirmé mercredi la veuve de l’adjudant Comyn, tué lundi soir à Mougins lors d’une opération de contrôle routier. Des propos très forts, tenus lors d’une cérémonie officielle, qui détonnent avec l’ambiance habituelle des cérémonies d’hommages en Gendarmerie après un décès.
« Je remercie notre France d’avoir tué mon tendre époux, que j’aime tant, le père de nos enfants », a déclaré mercredi 28 août 2024 Harmonie Comyn, l’épouse de l’adjudant Eric Comyn qui s’exprimait lors d’une cérémonie en hommage à son mari à Mandelieu-La-Napoule (Alpes-Maritimes), où le militaire était en poste.
« Attention, je ne parle pas d’étrangers, mais de récidivistes », a précisé la veuve du gendarme tué après un refus d’obtempérer d’un Cap-verdien en situation régulière en France, mais déjà condamné à dix reprises. Ces propos ont été tenus en présence Sébastien Leroy, maire de Mandelieu-la-Napoule, du sénateur Henry Leroy (ancien officier supérieur de gendarmerie), du lieutenant-colonel Guillaume Plaidy (commandant la compagnie de Cannes) des députés Eric Ciotti et Alexandra Martin et du commandant de l’escadron départemental de sécurité routière Maxime de Laporte.
🔴 Hommage au gendarme tué
« Je remercie notre France d’avoir tué mon tendre époux. La France a tué mon mari par son insuffisance, son laxisme et son excès de tolérance » : la veuve d’Eric Comyn s’exprime ⤵️ pic.twitter.com/wfDigRdW0Y
— LCI (@LCI) August 28, 2024
« Laxisme » et « excès de tolérance » de la France
« Je l’affirme haut et fort, la France a tué mon mari. La France a tué mon mari par son insuffisance, son laxisme et son excès de tolérance. La France a tué mon mari », a ensuite insisté la veuve du gendarme. Selon le parquet de Grasse, le suspect, âgé de 39 ans, comptait déjà dix condamnations à son casier judiciaire. Notamment pour « des infractions à la circulation routière » et « des atteintes aux personnes ». Après son interpellation à Cannes, dans la nuit de lundi à mardi, le chauffard avait été testé positif à un dépistage d’alcoolémie.
Une prise de paroles très politique
« Comment et pourquoi cet homme multirécidiviste peut-il évoluer en toute liberté ? Quand est-ce que nos (législateurs) ouvriront véritablement les yeux ? Faut-il qu’ils soient touchés directement pour agir ? Combien de morts avant que ces assassins soient véritablement punis ? », s’est-elle aussi interrogée. La voix chargée d’émotion et de colère, elle affirme alors que « 1981 n’aurait jamais dû exister », faisant référence – sans la citer – à l’année de l’abolition de la peine de mort, par la loi Badinter du 9 octobre 1981. Elle poursuit en demandant quelle serait la suite pour le meurtrier de son mari, avant de dresser un constat. D’un côté les détenus condamnés, qui bénéficient de « trois repas par jour » et d’« aides sociales dans les geôles ». De l’autre, des « retraités qui ont cotisé toute leur vie de travailleur » et peinent à avoir de quoi se payer trois repas chauds par jour, devant potentiellement retravailler pour cela.
L’Essor de la gendarmerie a demandé à deux officiers généraux de commenter ces propos. Le premier, encore d’active, a dit : « Pour moi, ces propos constituent une première en 36 ans de métier ». Pour le second, un ancien directeur général de l’Arme, « ces propos sont très virulents mais les conjoints des gendarmes ne sont pas tenus au devoir de réserve« . Pour autant, « il existe de vraies interrogations chez les gendarmes sur la réponse de la justice à des délits qui les touchent directement ». « Et il ne faut pas trop s’étonner si de plus en plus de gendarmes votent Rassemblement national », assure-t-il.
(L’Essor, avec l’AFP)
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