C'est un chiffre qui n'avait pas encore été dévoilé. Selon le directeur général de la Gendarmerie, ce sont près de 5 millions de gigaoctets de données – soit un peu moins de 5.000 téraoctets – qui ont été récoltés par les gendarmes lors de l'opération d'interception des téléphones Encrochat.
Une masse d'informations, représentée par une centaine de millions de messages, particulièrement instructive. "Europol nous a dit: en un mois, on a plus appris qu'en dix ans sur la très haute criminalité", souligne Christian Rodriguez, au cours d'une audition à l'Assemblée nationale.
L’opération Encrochat, ce n’est qu’un début
Mais cette belle moisson apporte de nouveaux problèmes (de riche). "Il faut être capable de traiter la donnée", remarque Christian Rodriguez. "Hier l'enquêteur le faisait de tête", mais sur des opérations comme Encrochat, "l'homme n'est plus capable de le faire". Il a donc fallu "coder des algorithmes" pour analyser rapidement cette masse impressionnante d'informations. Et il n'y a pas que cette affaire. Plus largement, en 2020, ce sont plus de 9 millions de gigaoctets de données qui ont été exploitées par les cybergendarmes.
46 projets en cours
Un type de mission désormais dévolu à la division de l'appui du Comcybergend. Dirigée par le colonel Nicolas Duvinage, elle est notamment chargée de développer des outils d'investigations. Mais ce service n'est évidemment pas seul dans cette très grande tâche. Sur les 257 projets scientifiques de la Gendarmerie, 46 concernent l'analyse des grandes masses de données. Soit la deuxième grande famille de dossiers.
Dans son plan stratégique de recherche et innovation 2022, l'Arme s'est en effet déjà intéressée à ce sujet. "Elle a d’ores et déjà initié une analyse de ses flux de données, leurs origines, leurs finalités, leurs formats et leurs cadres juridiques, indiquait-elle. Elle a fait évoluer et continue à faire évoluer sa capacité de stockage, attentive aux nouvelles architectures permettant d’optimiser le volume et le temps d’accès. Et elle a initié l’expérimentation de nouvelles technologies offrant une très grosse puissance de calcul."
Une tâche qui impose également de s'associer à d'autres partenaires. Les gendarmes sont partie prenante du projet de recherche européen Starlight, qui vient d'être lancé. L'un des domaines d'applications de ce projet coordonnée par le CEA vise justement à améliorer le traitement de très grandes masses de données dans le cadre d'enquêtes sur le crime organisé.
GT.