Pourtant peu suspect de sympathie envers les gendarmes, Le Canard enchainé prend aujourd’hui la défense de 32 d’entre eux, affectés à l’escadron 31/7 de Reims. L’hebdomadaire satirique révèle en effet que leur action à Paris lors des attentats du 13 novembre 2015 est complètement passée sous silence dans le dossier d’instruction.
"Rien. Pas une ligne, pas même un mot sur eux dans un dossier d’instruction pourtant épais de 1 million de pages réparties en 542 tomes contenant 47.000 procès-verbaux", précise Le Canard.
Le journal estime que les gendarmes mobiles ont été "carrément effacés de la scène de crime par la Préfecture de Police qui ne voulait pas de pandores sur son territoire". Ils ont pourtant ce soir là "sécurisé les lieux, pisté des terroristes, pris en charge des blessés, sauvé des vies".
Les journalistes qui signent cet article ont interrogé le député Sébastien Pietrasenta, rapporteur de la commission d’enquête parlementaire sur les attentats. Le parlementaire, "découvrant le rôle des gendarmes ce soir-là, tombe des nues", assurent-ils.
Les enregistrements radio détruits
Ils pointent une autre lacune du dossier d’instruction: l’absence de "tous les enregistrements audio" de l’opérateur radio de l’escadron, détaché ce soir là dans une salle de commandement de la Préfecture de Police, ainsi que "leurs retranscriptions écrites" . Tout a été détruit "sans jamais avoir été versé à la procédure", note Le Canard enchaîné qui souligne une "incroyable bévue".
Dernier point révélé par cet article, l’humiliation qui a entouré la reconnaissance de leurs actions. "Priés de ne pas se montrer" à l’hommage national aux Invalides, le 27 novembre, les gendarmes attendront onze mois avant de recevoir la médaille de la sécurité intérieure. La cérémonie a eu lieu à Reims suite au refus des services du préfet de Police de les décorer à Paris, assure le Canard.
Le 13 novembre, les gendarmes mobiles de l’escadron 31/7 étaient répartis sur différents points –résidence du Premier ministre Manuel Valls, journal Libération, Radio J– proches du Bataclan et du restaurant La Belle équipe.
Des gendarmes équipés de fusils d'assaut
Le Canard avait déjà raconté fin 2016 comment ils s’étaient spontanément engagés sur ces deux sites. Dans l’édition de ce jour, il précise que les gendarmes n’ont pas été sollicités, en dépit du fait qu’ils étaient équipés d’armes de guerre (HK MP5 et Famas) qui faisaient justement "cruellement défaut aux policiers jusqu’à l’arrivée des forces d’assaut".
De son côté, le soir des attentats, le GIGN s’était lui aussi prépositionné dans Paris. Il se trouvait à la caserne des Célestins de la Garde républicaine, située boulevard Henri IV, près de la Place de la Bastille. Les gendarmes d’élite ne seront pas non plus sollicités, ce qui suscitera des critiques jusqu’au sein de l’unité. Le patron de l’unité, le colonel Hubert Bonneau, expliquera plus tard à la commission d’enquête parlementaire que, "dans une configuration aussi confuse, une discipline collective s’impose". C’est pour cette raison et en l’absence d’ordre ou d’informations claires, qu’il avait choisi de rester "prêt à intervenir ailleurs en cas de besoin" en raison de la menace d’attentats pouvant "survenir dans d’autres lieux parisiens, notamment aux Halles".