Alors que les agressions se multiplient, de nouvelles mesures annoncées par le gouvernement, auxquelles vont à nouveau contribuer les gendarmes, doivent permettre de renforcer la sécurité des élus.
La démission du maire de Saint-Brévin (Loire-Atlantique) –après l’incendie d’une partie de son domicile, des menaces et des manifestations “tendues” d’opposants à un projet de centre d'accueil de demandeurs d'asile dans sa commune– a mis la lumière sur un phénomène qui n’est pas nouveau, mais qui s’accentue. Un défi pour les forces de sécurité, elles-mêmes confrontées à l’augmentation des violences en tous genres dans la société et à leur encontre.
En Conseil des ministres, mercredi 24 mai 2023, le président de la République a appelé –sur fond d’agressions contre des élus, des membres des forces de l’ordre ou encore des personnels soignants– à “travailler en profondeur” pour lutter contre les violences, qu’elles qu’en soient leurs formes ou leurs cibles, et à contrer ce qu’il indique être un “processus de décivilisation".
Des agressions quasi-quotidiennes
Aujourd’hui, il ne passe quasiment pas une semaine sans qu’une agression d’élus soit signalée, avec une portée médiatique plus ou moins importante. C’est même devenu quotidien, notamment pour les maires, si l’on en croit les statistiques du ministère de l’Intérieur. En 2022, 2.265 plaintes ou signalements ont été enregistrés pour des faits de violence verbale ou physique visant des élus. Soit une hausse de 32% par rapport à l’année 2021, notamment pour ce qui est des menaces, des injures ou des outrages. Principales victimes de ces faits: les maires, élus de proximité, souvent en contact direct avec leurs administrés.
Récemment, la ministre déléguée chargée des Collectivités territoriales et de la Ruralité, Dominique Faure, indiquait que depuis le début de l’année 2023, plus de 900 agressions avaient été déclarées. La hausse semble donc se poursuivre.
Pour contrer ce phénomène, la ministre déléguée, a annoncé de nouvelles mesures le 17 mai 2023. Première de ces mesures, le lancement d’un “centre d'analyse et de lutte contre les atteintes aux élus”.
Ce centre constitue un “outil national de suivi des violences faites aux élus”, une demande forte de leurs représentants, et va permettre de “mieux connaître le phénomène des violences aux élus, de l'analyser et d'adapter la réponse opérationnelle en temps réel”, mais également de “coordonner l'action des forces de sécurité” pour la protection des élus sur le terrain. Outre la Gendarmerie et la Police nationales, d’autres entités et administrations concourront à son fonctionnement, comme le comité interministériel à la prévention de la délinquance et de la radicalisation, le service statistique ministériel de la sécurité intérieure ou encore des associations d’élus.
Des référents dans les unités de Gendarmerie
Lors de la présentation de ces mesures, la ministre a indiqué mettre en place un “pack sécurité” à destination des élus. Parmi les outils de ce pack, le gouvernement prévoit notamment la mise en place de 3.400 référents “atteintes aux élus”, sorte de correspondants privilégiés pour les élus de tout niveau, directement dans les brigades de gendarmerie et les commissariats de police.
Encore une fois, il ne s’agira pas d’un poste spécifiquement dédié à cette problématique. Comme la plupart des autres fonctions de “référents”, celle-ci s’ajoutera aux missions quotidiennes du militaire ou du fonctionnaire sélectionné. Une nouvelle charge, donc, à assumer par ces couteaux suisses de la sécurité que sont les gendarmes et les policiers.
Les canaux privilégiés de contact en cas d'urgence vont également être renforcés pour les élus, avec le dispositif baptisé "Alarme élu". Enfin, de nouvelles sessions de sensibilisation à la gestion des incivilités et à la désescalade de la violence seront proposées aux élus. Ces séances sont animées par des gendarmes et des policiers spécialement formés par le GIGN et le Raid, à l’image des négociateurs régionaux pour la Gendarmerie.
Des élus formés par les gendarmes à la gestion des incivilités
Hasard du calendrier, au lendemain de ces annonces, une délégation de la Gendarmerie nationale était présente aux rencontres organisées mardi 23 mai 2023 par l’Agence nationale de cohésion des territoires, en participant à des tables rondes sur des thématiques comme la sûreté et la cybersécurité, et en allant à la rencontre des responsables territoriaux.