Uniforme et encadrement militaire, ordre serré, sport, découverte d’unités, mais aussi de techniques professionnelles, comme la maîtrise sans arme d’un adversaire ou encore l’usage d’une arme à feu… Le programme était dense pour près de 70 jeunes engagés au sein de la nouvelle promotion des cadets de la Gendarmerie d’Ile-de-France. Répartis en quatre pelotons, ils ont été accueillis fin octobre au camp militaire de Beynes, dans les Yvelines, pour leur premier stage d’immersion. Deux autres sont d’ailleurs d’ores-et-déjà programmés. Ils se tiendront durant les vacances d’hiver, en février, et de Pâques, en avril.
Pour ces lycéens en classe de terminal, l'aventure a débuté un mois plus tôt, fin septembre 2021, avec la signature de leur engagement. Pour l’occasion, une cérémonie se tenait dans le prestigieux grand amphithéâtre de la Sorbonne, à Paris, en présence des différents contributeurs au dispositif. Notamment la région de gendarmerie d’Ile-de-France, l’Éducation nationale, l’Anorgend, quelques partenaires du secteur privé, ainsi que la Région Ile-de-France. Cette dernière est d’ailleurs le principal partenaire de l’association des cadets cette année, avec un soutien financier conséquent de 200.000 euros. L’an passé, en 2020, il n’était encore que de 25.000 euros. Un bond qui s’explique principalement par l’extension du dispositif à l’intégralité de la région.
Jusqu'ici limité à l'Académie de Versailles –c’est-à-dire à tout l’ouest francilien en dehors de Paris– le dispositif s'étend donc cette année à toute la région académique d'Ile-de-France. Il mobilise pour l’année scolaire 2021/2022 sept centres de formation regroupant les cadets. Des discussions sont par ailleurs en cours avec l’Académie de Paris pour qu’un huitième lycée, le premier intramuros, devienne un centre de formation des cadets.
"Nous avons lancé les cadets de la Gendarmerie en 2017 avec tout d'abord une phase de préfiguration, rappelle le capitaine Renaud Ramillon-Deffarges, président de l'Anorgend, à l'origine du dispositif au côté de la région de Gendarmerie. “Après une phase de démarrage puis de consolidation, l’heure est maintenant à l’expansion” du dispositif des cadets. D’autant qu’il bénéficie aujourd’hui d’une forme de reconnaissance avec son inscription dans le plan gouvernemental “1 jeune 1 solution”, et sa déclinaison “1 jeune 1 mentor”.
Une nouvelle forme d'engagement
En plus des quelque 70 lycéens déjà engagés depuis septembre, une vingtaine d’autres devrait les rejoindre d’ici le mois de janvier. L’objectif pour l’année 2022 est ainsi d’atteindre la barre des 120 cadets à la prochaine rentrée scolaire. Autant de jeunes franciliens qui constituent un vivier pour le recrutement.
De la discipline, de la rigueur et des valeurs de dépassement de soi et d'engagement. Voilà ce qu'apporte cette formation aux jeunes d'après leurs encadrants. Un cocktail qui fonctionne de toute évidence puisque, sur les quatre premières promotions, plus de 98% des cadets ont obtenu le baccalauréat à l'issue de leur année d'engagement.
Si environ 1/3 ont choisi de poursuivre leurs études dans le supérieur, les autres ont opté pour une entrée dans la vie active. Et pour une grande majorité, dans les secteurs de la Sécurité intérieure et de la Défense. Près de 55% ont ainsi choisi de s'engager dans la Gendarmerie ou les forces armées en tant que militaire d’active ou de réserve. 22,5% au sein de la Police nationale et 6,5% ont rejoint une police municipale. 16% se sont par ailleurs dirigés vers le secteur privé, notamment dans la sécurité.
Il faut dire que "le dispositif des cadets est pour eux une bonne école", souligne un encadrant, réserviste de la Gendarmerie et enseignant dans le civil. "Tout au long de l'année, en plus de leur cursus scolaire, ils reçoivent une préparation aux concours avec –outre les enseignements liés à la Gendarmerie– de la culture générale et des simulations d’entretien". En tout, une soixantaine d’heures de cours leur seront ainsi dispensées au sein des centres de formation répartis dans la région.
Objectif réserve
En Ile-de-France, le dispositif des cadets de la Gendarmerie s’inscrit avant-tout dans une démarche d’accompagnement et d’insertion. Auparavant réservé en priorité à des jeunes issus de zones d’éducation prioritaires, il est maintenant ouvert à tous les profils de lycéens. Il représente également un vecteur d’accès à l’emploi dans les domaines publics comme privés de la sécurité.
Si une partie des cadets envisage de s’engager dans la Gendarmerie, l’objectif est aussi dans un premier temps de les voir gonfler les rangs de la réserve opérationnelle. L’Institution, qui bénéficie déjà de près de 30.000 réservistes, vise en effet les 50.000 réservistes dans les années à venir. Un objectif rappelé par le président de la République en clôture du Beauvau de la sécurité, en septembre 2021.
Cette voie Enzo l’a suivie. Alors qu’il était lycéen en Bac professionnel “métiers de la sécurité” dans le Val d’Oise, ce passionné par les forces de sécurité intérieure a découvert les Cadets de la Gendarmerie lors d’une présentation organisée dans son établissement. Le récit d’anciens cadets l’a convaincu de suivre leur voie. Il a donc intégré la promotion 2019/ 2020. Une découverte et une immersion qui lui ont plu. Son bac pro en poche à l’issue de son année avec les cadets, il s’inscrit pour suivre une préparation militaire gendarmerie (PMG), qu’il vient de réaliser au cours de l’été 2021. Il est depuis, réserviste opérationnel. Celui qui souhaite à terme devenir officier de gendarmerie poursuit par ailleurs ses études. Il suit aujourd’hui une formation supérieure en management opérationnel de la sécurité.
Camille, 17 ans, est cette année en classe de Terminale, en Bac pro “métiers de la sécurité” en Seine-et-Marne. Elle fait partie de la nouvelle promotion des cadets, pour l’année 2021/2022. Un dispositif qui lui a été présenté par le proviseur et un professeur de son établissement, alors qu’elle était encore en Première. Cette formation est pour elle surtout une opportunité de découvrir de l’intérieur l’Institution qu’elle souhaite rejoindre par la suite. Déjà au fait des différentes opportunités que présente la Gendarmerie, elle nous a d’ailleurs confié vouloir intégrer un peloton de surveillance et d’intervention (Psig). Elle espère que cette expérience avec les cadets confortera son choix.
D'autres cadets avec le SNU
En dehors de ce dispositif mis en place depuis 2017 au niveau de la région et de l'académie d'Ile-de-France, d'autres existent également partout sur le territoire. Généralement rattachées aux groupements de gendarmerie départementale, ces associations de cadets de la Gendarmerie accueillent aujourd’hui principalement des jeunes dans le cadre de la mission d'intérêt général de leur service national universel (SNU). Âgés de 15 à 17 ans, ils découvrent ainsi pendant une douzaine de jours l'Institution, certains ayant pour objectif d'y faire carrière.
"C'est un engagement totalement distinct, précise le colonel Stéphane Ayzac, chargé de mission au sein de la région de gendarmerie d'Ile-de-France. Quand la mission d'intérêt général du SNU n'est souvent qu'une brève découverte de la Gendarmerie, les cadets de la région Ile-de-France suivent quant à eux "un véritable parcours d'insertion professionnelle", rythmé, tout au long de l'année, par des cours théoriques au sein d'établissements scolaires, et des stages de découverte et de préparation comme celui qui s'est déroulé à Beynes du 25 au 29 octobre 2021.
Deux formes d’engagement d’une jeunesse précieuse qui représente, pour partie, les gendarmes de demain.
LP
Des cadets de la Gendarmerie au musée de l’Ordre de la Libération