Le gouvernement se prépare à l'éventualité de troubles à l'ordre public après les résultats dimanche soir du second tour des législatives, sans pour autant que ceux-ci soient clairement identifiés à ce stade compte tenu du caractère incertain du scrutin.
Jeudi, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a annoncé que "30.000 policiers et gendarmes dont 5.000 à Paris et sa banlieue" seraient mobilisés dimanche soir. Un dispositif de maintien de l'ordre conséquent, dont le niveau n'a pas été arrêté, restera en place "jusqu'au 16 juillet au moins", a expliqué à l'AFP une source policière.
Pour l'instant, les services de renseignement n'ont pas identifié, selon une autre source policière, de risques précis, en l'absence de "véritable appel à manifestation après le second tour". Les services de renseignements estiment que les décisions des principales organisations interviendront le 8 juillet à la lumière des résultats. A leurs yeux, il existe "de réels risques de troubles à l'ordre public après le second tour avec à la fois des rassemblements qui pourraient donner lieu à des incidents mais aussi des risques d'affrontements entre des groupes antagonistes". Le préfet de police de Paris Laurent Nuñez a d'ailleurs interdit une manifestation du collectif "action antifasciste Paris-Banlieue" prévue dimanche soir devant l'Assemblée à la clôture du scrutin.
Agressions de candidats
Les agressions physiques ou verbales de candidats se sont multipliés durant la campagne. Commentant l'agression de la porte-parole du gouvernement Prisca Thevenot (elle n'a pas été blessée) qui collait des affiches avec deux autres personnes, Gérald Darmanin a jugé qu'"il se pass(ait) quelque chose qui confine à la libération de la violence".
Ce vendredi 5 juillet sur BFM TV,le ministre de l’Intérieur a ensuite précisé que "51 candidats, suppléants ou militants" ont été "agressés physiquement" ces derniers jours pendant la campagne pour le second tour. Dans un pays au climat politique tendu qu'il a décrit comme "une France à vif", les forces de sécurité ont procédé à "plus d'une trentaine d'interpellations" en lien avec ces violences, a-t-il ajouté.
Profils divers
S’il est encore "un peu tôt pour faire un profil-type" des agresseurs, Gérald Darmanin a évoqué la présence parmi eux de "gens spontanément énervés" ou de "militants politiques d'ultragauche ou d'ultradroite".
Concernant l’ultra gauche, les services ont relevé, selon la seconde source policière, des mots d'ordre comme "Gardez les urnes, on prend la rue".
Ils rappellent en outre que le collectif Les Soulèvements de la Terre (SLT) a prévu une nouvelle mobilisation dans les Deux-Sèvres contre les méga-bassines à partir du 15 juillet. Mais, ils estiment que SLT pourrait lancer des appels à rassemblement dès le 8 juillet avec notamment un ciblage sur les Jeux olympiques (26 juillet – 11 août).
S'agissant des quartiers dits sensibles, les services n'ont pas observé de "signe annonciateur d'une mobilisation" liée aux élections mais ils s'attendent à de "l'opportunisme" pour participer à tout type de violences urbaines et cela à l'approche des 13 et 14 juillet.
Parmi les villes citées comme point d'attention des forces de l'ordre à partir du 7 juillet au soir figurent, outre Paris et sa banlieue, Lyon, Marseille, Bordeaux, Toulouse, Nantes, Lille et Rennes.
(Avec AFP)
30.000 gendarmes et policiers mobilisés pour le second tour des législatives