La gestion par le GIGN de son arsenal est mise en cause dans un article, publié lundi 10 janvier dans Mediapart, qui détaille des faits révélés début 2019 par Le Monde.
Selon les deux médias, tout serait parti de l’arrestation en Espagne, le 8 novembre 2017, de trois membres de l’unité d’élite de la Gendarmerie en possession de "nombreuses grenades à plâtre fumigènes, détonateurs, munitions", selon un message d’une boucle WhatsApp interne au GIGN et que Mediapart s’est procuré.
Les militaires qui souhaitaient utiliser ces munitions pour une activité privée sont sanctionnés. Mais ces faits démontrent une certaine légèreté sur la gestion des munitions et explosifs au sein du GIGN. Les conditions de stockage de ces derniers n’est pas fait en toute sécurité. Surtout, le suivi laisse à désirer.
Lorsqu’une grenade explose de manière impromptue dans les mains d’un gendarme du groupe, la laissant en lambeaux, impossible d’établir "une traçabilité sur le stockage" de l’engin, assure Mediapart. Par ailleurs, dans cette unité ou le stand de tir est accessible 24 heures sur 24, chacun peut percevoir ce qu’il souhaite, sans qu’un suivi précis puisse être effectué. Surtout, à l’issue de la séance, aucune vérification n’est effectuée sur l’utilisation totale ou partielle des munitions.
Des sous-officiers du GIGN, force et faiblesse de l’unité
Après l’aventure espagnole, "le commandement ordonne le rappel en catastrophe de toutes les munitions de l’unité, soit 7 tonnes de matériel et de munitions, puis, après quelques mois de réflexion, la destruction partielle de ce stock, dans des conditions contestées", écrit Mediapart.
Si les faits ne sont pas restés au sein de ce groupe très fermé, c’est qu’un gendarme membre de la cellule "dépiégeage d’assaut" de la force "appui opérationnel" du GIGN a déposé plainte pour mise en danger de la vie d’autrui "d’abord, en juin 2018, puis une plainte simple recueillie par l’inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN), en août 2018. Et enfin une plainte avec constitution de partie civile en juin 2019, qui provoque l’ouverture d’une information judiciaire, en octobre 2020".
Le commandant de l’unité de l’époque, Laurent Phelip, a été entendu sous le statut de "témoin assisté" dans le cadre de cette enquête. Interrogé par Mediapart, son avocat Me Thibault de Montbrial a souligné que le parquet avait "classé sans suite la première plainte, et la juge d’instruction n’a pas mis en examen mon client".
Selon Mediapart, le gendarme lanceur d’alerte, également conseiller concertation, a ensuite été mis à l’écart au sein du groupe, puis muté à la Garde républicaine.