Le dispositif FR-Alert utilisé pour envoyer une information non-urgente sur les JO

Photo : Capture d'écran du message d'alerte envoyé lundi 13 mai 2024 sur les smartphones à Paris. (Montage photos - LP/L'Essor)

15 mai 2024 | Société

Temps de lecture : 3 minutes

Le dispositif FR-Alert utilisé pour envoyer une information non-urgente sur les JO

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"À événement exceptionnel, dispositif exceptionnel". C'est ainsi que le ministère de l'Intérieur a justifié son choix d'utiliser lundi 13 mai 2024, le système d'alerte sur smartphone "FR-Alert" pour diffuser une information, somme toute non urgente, incitant les personnes se trouvant dans les zones où la circulation sera restreinte durant les Jeux olympiques, à faire les […]

"À événement exceptionnel, dispositif exceptionnel". C'est ainsi que le ministère de l'Intérieur a justifié son choix d'utiliser lundi 13 mai 2024, le système d'alerte sur smartphone "FR-Alert" pour diffuser une information, somme toute non urgente, incitant les personnes se trouvant dans les zones où la circulation sera restreinte durant les Jeux olympiques, à faire les démarches pour obtenir le laissez-passer. Un message portant l'entête "Alerte extrêmement grave", qui s'est affiché de force sur tous les smartphones se trouvant dans les zones ciblées à Paris, et qui s'accompagnait d'une forte sonnerie. Un choix de communication vivement critiqué, tant il a surpris les usagers, d'abord inquiets à la réception de l'alerte, puis agacés après lecture du message.

Capture écran de la page résumant l'alerte émise sur le système FR-Alert lundi 13 mai 2024, dans six secteurs de Paris.

Volonté d'"informer largement"

"IMPORTANT: message du ministère de l'Intérieur relatif au périmètre de sécurité de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques du 18 au 26 juillet inclus", pouvait-on lire dans ce message incitant les "riverains, salariés, commerçants, clients d'hôtels ou de restaurants" à se connecter à la plateforme "pass-jeux" pour obtenir un QR code.

Le ministère de l'Intérieur assume toutefois avoir voulu "informer largement" de l'ouverture d'une plateforme en ligne pour accéder au périmètre olympique pendant les JO. Ce alors même qu'une campagne de communication sur le sujet avait été lancée en amont sur les Internet et dans les médias.

"C'est une alerte envoyée dans les périmètres de sécurité et leurs abords pour informer largement de l'ouverture de la plateforme", a-t-on assumé au ministère de l'Intérieur. "Ce n'est pas un test. C'est une information", a poursuivi la Place Beauvau, ajoutant: "À événement exceptionnel dispositif exceptionnel".

Alerte à l'Assemblée

L'alerte a été envoyée à 20h00 "pour toucher un maximum de personnes", ont justifié les autorités, face à l'étonnement sur les réseaux sociaux quant à l'écart entre la forme et le fond du message. Ce dernier a d'ailleurs perturbé une joute verbale dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale entre la France insoumise et… Gérald Darmanin. Le Palais Bourbon se trouve en effet sur les bords de la Seine, au centre de Paris, en plein coeur de la zone ciblée pour l'envoi de cette alerte.

À 20h00 précises, alors que le ministre de l'Intérieur était en plein débat sur la Nouvelle-Calédonie, la cacophonie a succédé à la sonnerie stridente de l'alerte: "M. le ministre, il y a une alerte!", ont lancé plusieurs voix chez les Insoumis, alors que Gérald Darmanin essayait d'éteindre son propre téléphone, tout en reprenant le fil de son discours. La présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet a dû intervenir: "Monsieur le Ministre, vous entendez bien qu'il y a une alerte en ce moment, personne ne vous entend!"

Contre-productif

Outre les usagers ayant reçu cette alerte et de nombreuses personnalités médiatiques et politiques, plusieurs spécialistes des technologies et systèmes d'alerte aux populations ont vivement critiqué ce choix d'exploiter FR-Alert pour une information qui ne revêt pas un caractère d'urgence particulier, allant jusqu'à qualifier cette action de "totalement contre-productive". De fait, sur les réseaux sociaux, nombreuses sont les personnes ayant reçu cette alerte qui ont ensuite fait le choix de désactiver les alertes lorsque leur appareil le permet… Le système perdant ainsi toute son efficacité en cas d'alerte réelle et urgente nécessitant, comme cela est expliqué sur le site FR-Alert, une "mise en sécurité" immédiate.

Des tutoriels pour désactiver les alertes ont même été partagés face à cette fonctionnalité présente et paramétrable sur la majorité des téléphones récents ou mis à jour. Les alertes sont normalement classées en plusieurs catégories : "exercice", "test", "avertissement" (niveau 4), "alerte enlèvement", "alertes graves" (niveau 3), "alertes extrêmes" (niveau 2). Toutefois, les alertes maximales de niveau 1 ne sont pas désactivables. L'alerte émise lundi 13 mai était catégorisée "extrême" (niveau 2). Il pourrait s'agir d'une erreur de catégorisation de la part de l’émetteur.

Il est possible de paramétrer les alertes reçues sur son téléphone en activant ou désactivant certaines d'entre elles. (Image d'illustration - LP/L'Essor)

Cell broadcast

Ce dispositif FR-Alert, actif en France depuis l'été 2022, est complémentaire au Système d'alerte et d'information de la population (SAIP), qui exploite notamment le réseau de sirènes d'alerte à la population, testées chaque premier mercredi du mois partout en France. Il utilise la technologie de "diffusion cellulaire", plus connue sous son appellation anglophone de "Cell broadcast", qui permet l'envoi de message, via les opérateurs de téléphonie, à tous les utilisateurs d'une zone déterminée.

De nombreux pays ont mis en place des systèmes d'alerte géolocalisés basés sur la diffusion cellulaire. Les messages d'alerte à destination de la population, également diffusés par les médias, sont ainsi relayés sur le réseau mobile.

Rédaction de L'Essor (avec l'AFP)

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