A la veille d’une manifestation d’un collectif indépendant de policiers en colère, le nouveau directeur général de la Police nationale, Eric Morvan, estime que “l’image généralisée d’une police misérabiliste n’est pas vraie” et dévoile sa philosophie de la police de sécurité quotidienne.
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Si les collectifs souhaitent porter leurs revendications de manière efficace, il faut qu’ils passent par le syndicalisme. Ca offre en plus l’avantage d’avoir des leaders, des interlocuteurs parfaitement identifiés et responsables de leurs actes. Le discours +syndicats, tous pourris+ a des relents inquiétants.”
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L’image généralisée d’une police misérabiliste, n’est pas vraie. Elle ne sert ni l’institution, ni les policiers. Il faut comprendre les racines du malaise. Avant 2012, des avancées catégorielles très importantes pour la police ont été financées par des baisses drastiques d’effectifs. Ces avancées catégorielles sont une reconnaissance pour des policiers qui font un métier difficile, exposé.
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“La police, notamment dans les grandes zones urbaines, intervient majoritairement quand ça va mal. Elle est identifiée à une atmosphère de tensions donc pour que la +PSQ+ apaise un peu cette tendance, il faut que la police soit plus à l’écoute, plus proche, plus disponible à l’endroit de la population qu’elle protège. C’est la clef de tout.
Il faut des effectifs plus nombreux mais il faut aussi que les méthodes évoluent. Cela passe par le recours à une série d’outils numériques, la réflexion sur l’évolution sur certains aspects de la procédure pénale. C’est aussi l’idée que la sécurité n’est pas une prestation qu’on consomme. Il faut qu’elle associe les citoyens, les élus.
C’est encore se donner les moyens d’évaluer ce qu’on fait, et accepter que l’évaluation se fasse par les bénéficiaires de cette politique publique. Cela existe déjà sur le terrain. Il faut que ces interactions soient régulières, naturelles.”
“Tout ne peut être décidé par l’administration centrale. Nous dessinons des éléments de doctrine forts mais les initiatives reposent sur le terrain. La délinquance de Pau ne ressemble pas à celle de Toulouse ou de Nantes. Il faut redonner de la marge de manœuvre aux chefs de service. Et que les policiers de terrain puissent être écoutés. Il faut un dialogue permanent sur les sujets professionnels, dans le cadre d’une organisation qui restera hiérarchique, bien évidemment. Le commandement n’est pas exclusif de l’écoute, bien au contraire.”
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L’autre grand chantier c’est la numérisation, la dématérialisation d’un certain nombre d’actes de procédure et pour un certain nombre d’infractions courantes, le recours effectif à des procédures simplifiées comme le PV unique même si c’est déjà inscrit dans la loi. Mais l’application en est encore trop peu développée.”
Avec AFP.
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